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À mesure que passent les années, ses sentiments à l’égard des siens, toujours vifs et constants, deviennent plus profonds. L’amour fraternel, dira-t-elle bientôt, « est pour les enfants de la même famille une source de jouissances telles que nul autre lien ne pourra jamais l’égaler ».[1] En une phrase exquise, elle raconte à sa sœur comment elle a été accueillie à Godmersham et l’impression qu’elle garde de sa réception. « Elizabeth m’a souhaité très affectueusement la bienvenue. Qu’Edward l’ait fait également je n’ai pas besoin de vous l’apprendre, mais je vous le dis quand même, pour le plaisir de vous le dire ». Ce fut peut-être pendant cette visite que fut ébauché le projet, bientôt mis à exécution, d’un changement de résidence pour Mme Austen et ses filles. Edward Austen avait mis à la disposition de sa mère deux maisons, l’une voisine de Godmersham Park et l’autre de Chawton House. Plutôt que de s’établir dans le Kent, Mme Austen préféra retourner dans le Hampshire. Elle accepta l’offre que lui faisait son fils d’une maison appelée Chawton Cottage qui, « grâce à des additions faites au bâtiment et à la transformation du jardin qu’on entoura d’une haie, devint une habitation spacieuse et commode ».[2] Au mois d’octobre, Jane Austen parle de ce projet comme d’une chose déjà souvent discutée. « Je n’ai rien de plus à vous écrire au sujet de Chawton, mais tout ce que contient votre lettre inclinera ma mère, j’en suis sûre, à envisager le projet avec une satisfaction toujours croissante ».[3] Le capitaine Frank Austen avait à ce moment repris du service actif et, depuis son départ, rien ne retenait plus les siens à Southampton. L’hiver de 1808-1809, le dernier que Jane Austen passa à Southampton, semble avoir été assez agréable, bien que, au début d’octobre la mort subite de Mme Edward Austen, l’Elizabeth mentionnée si souvent dans la correspondance, eut causé à tous une douloureuse

  1. Le Château de Mansfield. Chap. XXIV.
  2. Memoir. Page 80.
  3. Lettres. 24 octobre 1808.