Page:Annales de l universite de lyon nouvelle serie II 30 31 32 1915.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’atteindre le bord de l’eau ». Dans les lettres, il n’est pas question de paysage : on n’y trouve que le récit des occupations de chaque Jour : promenades sur la jetée, visite à une famille amie, et bals donnés dans cette petite salle de réunion dont toutes les fenêtres s’ouvrent sur le bleu de la mer et du ciel. « Le bal d’hier soir a été agréable, mais il y avait peu de monde pour un jeudi. Mon père est resté dans la salle sans s’ennuyer jusqu’à neuf heures et demie ; nous étions arrivés un peu après huit heures. Puis il s’en est allé avec James et une lanterne. Je crois pourtant qu’ils n’ont pas allumé celle-ci car il faisait clair de lune… Ma mère et moi, nous sommes restées encore une heure. Personne ne m’a invitée pour les deux premières danses ».[1]

De retour à Bath, la famille Austen quitta la maison de Sydney Place pour aller habiter à Green Park Buildings. Là, le révérend George Austen mourut en janvier 1805, après une courte maladie. Sa veuve et ses filles s’installèrent dans un appartement meublé, au numéro 25 de Green Park Buildings. De 1805 à la fin de 1806, tout en gardant un appartement à Bath, elles firent plusieurs séjours au bord de la mer, chez des parents ou des amis. Puis elles allèrent rejoindre à Southampton Frank Austen et sa jeune femme. Le capitaine Austen, de retour en Angleterre après une longue et dure campagne, avait demandé à sa mère de venir habiter auprès de lui et Mme Austen y consentit d’autant plus volontiers que rien ne la retenait plus à Bath.

Comme si, chaque fois qu’elle changeait de milieu, elle devait envisager avec satisfaction la perspective de ce changement, Jane Austen quitta Bath avec autant de plaisir qu’elle en avait éprouvé à venir y habiter cinq ans auparavant. Une lettre de juin 1808 contient une phrase éloquente : « Il y aura deux ans demain que nous sommes parties de Bath pour aller à Clifton et avec quels sentiments de joie et de délivrance ! » Pendant l’été de 1805

  1. Memoir οf Jane Austen. Page 69.