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CHAPITRE V


La vie à Bath et à Southampton. « Les Watson ».
Le roman d’amour de Jane Austen.


Aussitôt arrivée à Bath, après un voyage dont la dernière étape fut franchie « dans une chaise de poste très bien tenue, presque d’aussi bonne apparence qu’une voiture de gentleman, je veux dire de gentleman déchu de ses splendeurs »,[1] Jane Austen s’installa chez son oncle. Elle commença sans tarder à jouir des dernières fêtes de la saison et des autres distractions de Bath. Le matin, c’était d’abord une promenade en compagnie de Mr. Leigh-Perrot qui se rendait chaque jour à la buvette pour avaler les verres d’eau traditionnels. Dans la grande salle ornée d’une statue du Beau Nash, elle pouvait suivre des yeux le va-et-vient des promeneurs élégants ou chercher parmi les groupes des personnes dont l’allure et la physionomie lui rappelleraient telle ou telle figure décrite dans « L’abbaye de Northanger ». Aujourd’hui encore, maints endroits de Bath suggèrent irrésistiblement la présence de certains personnages de « L’abbaye de Northanger » ou de « Persuasion ». En 1801, il dut arriver plus d’une fois à Jane Austen de reconnaître dans le spacieux Pump-room une Catherine Morland fraîche et simple, une minaudière et tapageuse Isabelle Thorpe, une Mme Allen, un peu fagotée dans une trop belle robe, regardant attentivement la toilette d’une dame assise à côté d’elle sur un des vastes canapés, « pour avoir le plaisir de constater que les dentelles du manteau de sa voisine n’étaient pas de moitié aussi belles que les siennes ». Puis en quittant la buvette, Jane Austen et son oncle reprenaient leur « tournée matinale », suivant les rues encombrées de voitures et de flâneurs jusqu’aux boutiques de Milsom

  1. Lettres. 5 mai 1801.