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que la difficulté de nous rendre au bal et notre peu d’envie d’y assister ont marché de pair ». [1] Depuis qu’elle connaît la société plus élégante de Godmersham, elle est tentée de trouver bien provinciales et bien modestes les fêtes de Basingstoke ou des châteaux des environs. Peut-être aussi ce qu’elle avait appelé dans « Bon Sens et Sentimentalité » « l’appétit insatiable de la quinzième année » pour les plaisirs du bal commence-t-il à diminuer en elle. Un peu d’impatience et de mécontentement se trahit à cette époque, dans une lettre où elle compare les splendeurs de Godmersham à la simplicité de Steventon et du voisinage. « Les gens se sont mis à être tellement gênés et en sont réduits à une telle parcimonie que je suis furieuse. Le Kent est le véritable endroit où l’on peut être heureux. Là, du moins, tout le monde est ricbe ». [2] Pour la première fois, elle se prépare à aller au bal sans aucun enthousiasme : « Je m’attends à une soirée très ennuyeuse ; il n’y aura personne d’agréable avec qui danser et personne d’agréable à qui parler ». Il est vrai que son désenchantement ne dure pas. Après avoir passé la nuit à danser, elle revient sur son premier jugement. « Il n’y avait pas beaucoup de monde à notre bal qui n’a pas toutefois manqué d’agrément… Il y a eu vingt danses et je les ai toutes dansées sans la moindre fatigue. J’ai été ravie de me trouver capable de tant danser et avec tant de plaisir ».

Au moment où elle commença vraisemblablement son troisième roman, « L’abbaye de Northanger », Jane Austen assuma pour la première fois la charge de gouverner la maison. Mme Austen était alors souffrante, et se croyait menacée à chaque instant des maladies les plus graves. Sa fille la déchargea de la direction du ménage et, d’après le témoignage des lettres, s’acquitta à son bonheur de ses nouvelles fonctions. Elle parle assez ironiquement des maladies de Mme Austen : « Ma mère

  1. Lettres. 17 novembre 1798.
  2. Lettres. 18 décembre 1798.