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je tâche ton jours de leur donner un air aussi peu apprêté que possible ». [1]

Les paroles du révérend Collins font deviner le caractère de Lady Catherine, mais « Orgueil et Parti pris », telle la cour d’Angleterre par l’absence de Miss de Bourgh, serait privé de sa plus belle fleur si l’orgueilleuse personne ne nous apparaissait qu’à travers les discours de son dévoué chapelain. C’est une joie que d’entendre Lady Catherine elle-même questionner Elizabeth et lui donner son opinion sur la musique et l’éducation des filles. De sa voix haute et dure, la noble dame tranche toutes les questions et trahit en même temps sa vulgarité foncière. « Êtes-vous musicienne. Miss Bennet, est-ce que vous chantez ? — Un peu. — Ah ! dans ce cas, nous aurons le plaisir de vous entendre. Notre instrument est excellent, probablement supérieur à Vous l’essayerez un jour. Et vos sœurs, jouent-elles du piano, et savent-elles chanter ? — Une de mes sœurs joue et chante. — Pourquoi toutes n’ont-elles pas pris des leçons ? Les demoiselles Webb sont toutes musiciennes et leur père n’a pas un si beau revenu que le vôtre ». [2] Une autre fois, comme Elizabeth est en train de causer avec le colonel Fitz-William, un des neveux de Lady Catherine, celle-ci ne peut supporter de rester étrangère à la conversation. Elle interrompt Fitz-William. « Que dites-vous donc, Fitz-William ? De quoi parlez-vous ? Qu’est-ce que vous racontez à Miss Bennet ? Que je sache de quoi vous parlez. — Nous parlons de musique, madame, dit-il quand il se vit contraint de répondre. — De musique ! Alors parlez plus haut. De tous les sujets, c’est celui que je préfère. Il faut que j’aie ma part de la conversation si vous parlez de musique. Il y a, je crois, peu de gens en Angleterre qui prennent plus de plaisir que moi à la musique ou aient le goût meilleur. Si j’avais appris, j’aurais été une fort bonne

  1. Chap. XIV.
  2. Chap. XIV.