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son habit du matin est beaucoup trop clair. Il est grand admirateur de « Tom Jones », et c’est, je crois, à cause de cela qu’il porte des vêtements de même couleur que ceux portés par ce dernier quand il fut blessé ». [1] Le jour du bal, Jane ne manque pas de faire part à sa sœur de ses impressions. Le ton de sa lettre dut pleinement rassurer Cassandre, si celle-ci avait pu craindre un moment que sa sœur eût attaché trop d’importance aux assiduités et à l’admiration de son cavalier: « Il est enfin venu, ce jour où, pour la dernière fois, je vais fleureter avec Tom Lefroy. Quand vous recevrez ceci, tout sera fini. Mes larmes coulent à cette affligeante pensée ». [2] Le jeune Irlandais — qui devint plus tard grand chancelier d’Irlande — ne reparaît plus qu’une fois dans la correspondance de Jane Austen et, à cette occasion, son nom est prononcé sur un ton de fière réserve, presque de déplaisir, comme si quelque remarque maladroite au sujet du jeune homme avait offensé celle qui avait dansé si gaiement avec lui. « Mme Lefroy est venue mercredi dernier et, en dépit des interruptions…, j’ai été assez longtemps en tête à tête avec elle pour apprendre tout ce qu’elle avait d’intéressant à me dire. Ce n’était d’ailleurs pas beaucoup puisqu’elle ne m’a pas parlé une seule fois de son neveu. Mon amour-propre m’a empêchée de la questionner, mais quand mon père lui a demandé où il était, j’ai appris qu’il était retourné à Londres avant de partir pour l’Irlande… ». [3]

Le départ de Mr. Tom Lefroy n’empêcha point la jeune fille de continuer à jouir des bals et du plaisir qu’elle prenait à fleureter. Peut-être même certaines personnes qui rencontrèrent alors la fille du pasteur dans la société du pays se méprirent-elles, à la voir causer avec tant d’animation avec les jeunes « squires » qu’attiraient autour d’elle l’éclat de ses yeux et la vivacité

  1. Lettres. 9 janvier 1796.
  2. Lettres. 16 janvier 1790.
  3. Lettres. 17 novembre 1798.