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Aussi Cassandre et Jane saisissaient-elles avec joie les occasions de rencontrer, dans les châteaux des alentours, des amies de leur âge et des danseurs pour le menuet, la contredanse et la boulangère. Dans la société de province à laquelle appartenaient les Austen, les fêtes étaient nombreuses, mais elles n’étaient généralement que des réunions entre amis intimes. On y retrouvait les gens qu’on avait rencontrés une semaine auparavant et qu’on retrouverait la semaine suivante autour d’une autre table ou dans une autre salle de bal. Et si la compagnie demeurait toujours la même ou recevait rarement l’addition de quelque invité étranger à la région, l’ordonnance des réunions était encore plus invariable : s’agissait-il d’un dîner, les jeunes gens improvisaient ensuite une sauterie, pendant que leurs aînés discutaient leurs éternelles questions de sport, de culture ou de braconnage ; quand on était convié à un bal, on trouvait, avec quelques tables de jeu pour le whist, le « vingt et un », le « quadrille » ou le « casino », des parents et des chaperons, un ou deux violons, quelquefois même un piano-forte pour faire danser la jeunesse, puis un souper très simple terminait la soirée. Malgré leur peu de variété, les bals étaient pour Jane Austen un plaisir longtemps espéré et dont elle jouissait, le moment venu, jusqu’à danser toute la nuit. Rien qu’à lire certains passages où elle décrit avec une satisfaction et une sympathie évidentes les impressions de ses héroïnes au soir d’un bal, on pourrait deviner la joyeuse impatience avec laquelle elle revêtait ses plus pimpants atours et, au lendemain d’une fête, pensait à la prochaine occasion de danser et même de fleureter quelque peu. [1]

La correspondance de Jane Austen — si pauvre de détails sur tant d’autres points — ne nous laisse rien ignorer en ce qui concerne les bals et la parure. Dans cette correspondance, et surtout pendant les années de

  1. Memoir of Jane Austen, by J. E. Austen-Leigh. The Watsons. Page 327.