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femmes à la mode de la société aristocratique. Cependant, Mme de Feuillide était restée fort attachée à son pays natal et revenait presque chaque année en Angleterre. Le comte de Feuillide, retenu à Paris par son service, n’accompagnait que rarement sa femme dans ses visites, ne se décidant pas, comme il en avait eu l’intention aux premiers temps de son mariage, à se fixer à l’étranger. Un des séjours de Mme de Feuillide à Steventon, en 1787, fut marqué par une série de représentations très brillantes. « Nous aurons, écrit-elle à Philadelphie Walter, une très élégante assistance et l’on s’amusera beaucoup. La maison est pleine d’invités et les occasions d’organiser un bal ne manquent pas ». Dans le milieu un peu provincial de Steventon, la petite comtesse apportait un élément nouveau d’élégance, de mouvement, d’amour du plaisir, et quelque chose aussi de cette douceur de vivre qu’elle avait goûtée à Paris dans la société la plus brillante et la plus élégante qui fut jamais. Trop jeune pour prendre part aux représentations où Mme de Feuillide tenait avec grand succès les rôles d’ingénue ou de coquette, Jane Austen suivit sans doute avec un étonnement amusé quelques scènes d’innocent et tendre badinage entre sa jolie cousine et les partenaires chargés de lui donner la réplique. Le délicieux épisode des répétitions de « Serments d’Amoureux » dans le « Château de Mansfield » n’aurait peut-être jamais été écrit sans les représentations de Steventon, et lorsque nous voyons M. Crawford et Miss Bertram répéter assidûment — sans doute par excès de probité artistique — leur grande scène d’amour, ne pouvons-nous pas supposer qu’il y a là quelque réminiscence du temps où la comtesse de Feuillide jouissait du plaisir d’être belle et du plaisir plus grand encore de se l’entendre dire ?

Nous devons à l’affection très vive de Mme de Feuillide pour Phihidelphie Walter une précieuse correspondance, grâce à laquelle on connaît quelque chose de Jane Austen, de sa douzième à sa quinzième année. Dans une lettre de 1788, il est question d’une rencontre