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PREMIÈRE PARTIE


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CHAPITRE Ι


Les premières années. La vie au presbytère
de Steventon.


De vastes prairies, couvertes d’une herbe fine et drue d’un vert intense ; des haies touffues d’où s’élèvent de distance en distance de grands arbres au feuillage épais ; des chemins sinueux et encaissés dont l’étroit ruban grisâtre se perd au milieu de tant de verdure ; à l’horizon, des collines basses, profilant leurs lentes ondulations sur un ciel d’un bleu léger, voilé de brume ; dans l’air et mêlé aux fraîches senteurs végétales, le silence vivant et bruissant de la campagne, avec la voix du vent dans les branches, des chants d’oiseaux et des bourdonnements d’insectes ; parfois un village aux quelques maisons basses groupées autour d’une église surmontée d’une massive tour carrée ; tels sont les éléments essentiels du paysage dans cette partie du Hampshire dont la ville de Basingstoke est le centre. Pas une brusque échappée, pas une perspective inattendue pour donner une note de force, un accent d’originalité à ce décor riant et doucement monotone ; tout est grâce et langueur, silence et sérénité, dans cet aimable coin de terre dont l’activité de l’homme n’a jamais troublé la paix. Entre le réseau des hautes branches et la vaste étendue des gazons mouillés, le temps semble s’être endormi depuis des siècles comme dans un asile de la tranquillité d’antan — a haunt of ancient peace. — Et,