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lution des formes qui en est la clef. On peut dire qu’elle domine aujourd’hui toute recherche.


IV. — la force du milieu et l’adaptation.


Si l’on vient à se placer dans l’état d’esprit du géographe, on se voit donc aux prises avec des facteurs d’ordre divers, de provenance hétérogène, et formant entre eux des combinaisons multiples ; on sent que l’équilibre qui résulte de ces combinaisons n’a rien d’absolument stable, qu’il est à la merci de modifications auxquelles la multiplicité des facteurs ouvre une ample marge. On peut se demander où est un principe directeur qui permette d’édifier sur ce terrain en apparence mouvant des méthodes qui se tiennent, et de tenter des essais coordonnés de descriptions terrestres.

Recourons encore à l’observation. Ce que l’observation et l’analyse rencontrent sur ces surfaces où s’impriment les phénomènes, ce ne sont pas des cas isolés, des traits incohérents, mais des groupes de formes obéissant à une action d’ensemble, liées par des affinités, et travaillant de concert à éliminer de la surface ce qui ne convient plus aux conditions actuelles. Là où les cours d’eau n’ont plus la force d’entraîner les débris de destruction des roches, l’aspect tout entier du modelé porte l’empreinte de cette impuissance : d’étroites berges terreuses encaissant les thalwegs, de grandes surfaces unies au-dessus desquelles émergent çà et là des sommets coniques, composent d’une diversité de traits qui néanmoins convergent, l’ensemble classique du paysage de région aride. Le contraste est complet avec le monde de formes qui peuplent la surface, quand l’œuvre d’un déblaiement avancé a modelé les flancs des vallées, mis à nu les versants des montagnes, disséqué et diversifié les plans. Là où les glaciers ont passé, subsiste, au moins provisoirement, cet ensemble chaotique de monticules et de lacs qu’on appelle le paysage morainique. Le nom d’appareil littoral caractérise une affluence de formes qui, variées en elles-mêmes, n’apparaissent guère l’une sans l’autre : ici des fiords surmontés de lacs intérieurs et prolongés vers la mer par cette bordure déchiquetée d’îles et d’écueils que les scandinaves ont appelée Skiärgaard ; ailleurs la rangée uniforme des lagunes, des barres fluviales et des cordons littoraux. Chacun de ces types se compose de formes en dépendance réciproque.

Telle est aussi la physionomie de la végétation. Ce n’est pas l’olivier qui personnifie à lui seul la végétation méditerranéenne, pas plus qu’une hirondelle ne fait le printemps. Ce que cette expression de Méditerranée évoque, c’est une multitude de plantes dont les formes ont par leur variété excitée l’imitation artistique, mais qui coexistent néanmoins dans un ensemble que le langage populaire