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N° 124. — XXIIe année.
15 juillet 1913.

ANNALES
de
GÉOGRAPHIE


I. — GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE


DES CARACTÈRES DISTINCTIFS DE LA GÉOGRAPHIE


Appelé à parler de géographie devant un auditoire de futurs maîtres formés aux méthodes scientifiques, mais se préparant à des enseignements divers, je me suis demandé, non sans embarras, quelle était, parmi les questions que soulève un tel sujet, celle qui convenait le mieux en la circonstance[1]. J’ai été frappé, à la réflexion, des malentendus qui règnent sur l’idée même de géographie. Dans le groupe des sciences naturelles auxquelles elle se rattache sans nul doute, elle tient une place à part. Ses affinités n’excluent pas de sensibles différences. Or, c’est surtout sur ces différences que les idées manquent de précision. Il m’a semblé qu’en essayant de porter quelque lumière sur ce côté des choses, c’est-à-dire en m’attachant à spécifier ce qui distingue la géographie, je me conformerai à l’intention qui préside à ces conférences. La pédagogie est une œuvre de coordination et de rapports ; ne doit-elle pas être considérée comme une sorte de philosophie embrassant dans une vue d’ensemble ce qui contribue à la formation de l’esprit ?

La géographie est tenue de puiser aux mêmes sources de faits que la géologie, la physique, les sciences naturelles et, à certains égards, les sciences sociologiques. Elle se sert de notions dont quelques-unes sont l’objet d’études approfondies dans des sciences voisines. De là vient, pour le dire en passant, le reproche qui lui est parfois adressé

  1. Cette conférence fait partie d’une série de leçons pédagogiques professées, cette année, à l’École Normale Supérieure.