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M. COUETTE.

physique des liquides réels que si l’on a dûment constaté la conformité entre leurs mouvements et ces équations. Or cette constatation n’avait guère été faite que pour la première série des expériences de Poiseuille[1] ; la seconde série et surtout les tuyaux de conduite fournissaient des résultats tout différents. Que fallait-il donc penser de l’exactitude et de la généralité des équations de Navier ? Étaient-elles l’expression simplement approchée des mouvements des fluides ? Pouvaient-elles, au contraire, les représenter avec exactitude dans certains cas particuliers et se trouver en défaut dans d’autres cas ? La définition même du coefficient de frottement intérieur et les règles à suivre dans sa mesure dépendaient étroitement de la réponse à ces questions. Or voici celle qui découle de mes recherches : Le mouvement des liquides peut se faire suivant deux régimens différents : le premier est exactement conforme aux intégrales les plus simples des équations de Navier ; le second n’est pas conforme à ces intégrales. Donc le coefficient des équations de Navier représente bien une propriété des liquides réels ; et, dans les expériences destinées à le mesurer, il faut réaliser le premier régime.

La distinction des deux régimes, déjà nettement défini par Darcy[2] en 1857, a été fort bien établie par M. Osborne Reynolds[3] en 1883. J’ai retrouvé, par des méthodes expérimentales différentes, les mêmes résultats que ces auteurs, et je les ai complétés en insistant sur la discontinuité des deux régimes et en signalant la phase où ils se produisent alternativement.

La première moitié de ce Mémoire est relative à la distinction des deux régimes. Le Chapitre i contient les expériences faites avec l’appareil à cylindres, et le

  1. Mémoires des Savants étrangers, t. ix ; 1846.
  2. Ibid., t.xv, p. 215 et 354.
  3. Proceedings of the Royal Society of London, t. xxxv, p. 84.