Page:Annales de chimie et de physique, 8è série, Tome 18, 1909.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

mouvement brownien, il paraîtra tout à fait impossible que ces trajectoires puissent être, comme le dit Svedberg, évidemment victime d'une illusion, "des lignes régulièrement ondulées d'amplitude et de longueur d'onde bien définies!" Par comparaison avec un micromètre oculaire, Svedberg estimait les grandeurs des quantités (en fait inexistantes) qu'il appelle la longueur d'onde et l'amplitude de l'oscillation. Tenant compte de la vitesse d'entraînement du liquide, il calculait alors la durée de l'oscillation, qui serait le temps pendant lequel un grain subit à angle droit du déplacement d'ensemble un déplacement égal au double de l'amplitude. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'insister sur l'incertitude, à mon avis complète, qui résulte d'une méthode aussi discutable et d'estimations aussi vagues. Au contraire, il est a priori tout à fait correct, pour avoir le déplacement moyen d'un grain en un temps fixé, de pointer les positions successives de l'image de ce grain sur des photographies tirées à intervalles de temps égaux. Victor Henri a fait dans ce sens une étude cinématographique du mouvement brownien de grains naturels du latex de caoutchouc. Il s'agissait de grains relativement gros dont le diamètre fut estimé, d'après la grandeur des images, être d'environ 1 micron. A part que le déplacement moyen en un temps donné variait bien à peu près comme la racine carrée du temps, l'ensemble de ces mesures parut défavorable à la théorie d'Einstein. Dans l'eau neutre, le déplacement moyen, presque 3 fois plus grand que n'indiquerait la formule, ne pourrait s'accorder avec elle que si le diamètre du grain, évalué à 1 micron, était réellement 8 fois plus petit; or cela n'est pas admissible (à ce diamètre le grain ne serait même pas perceptible, l'éclairage étant direct). Mais, ce qui serait encore beaucoup plus grave, il semblait