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sont prognathes, les Négritos sont orthognathes. En un mot, le squelette d’un Papou et celui d’un Négrito n’ont presque aucun caractère commun, tandis qu’il serait sans doute impossible de distinguer le squelette d’un Andamanais de celui d’un Aëta de Luçon, mais à la condition que ce dernier fût un Négrito bien pur.

En effet, si bien caractérisée que soit une race humaine, il ne faut pas s’attendre, en général, à trouver des populations dont tous les individus répondent à un type uniforme ; le cas pourtant se trouve réalisé pour les Négritos Andamanais, mais c’est un exemple peut-être unique au monde d’une race parfaitement pure.


Fig. 1. — Négrito. Andamanais. Fig. 2. — Papou. Néo-Guinéen du détroit de Torrès.

Les Andaman, jusqu’à notre siècle, sont restés absolument en dehors des courants de migration blancs et jaunes, qui s’entrechoquaient dans les deux péninsules à l’est et à l’ouest du golfe de Bengale.

Le pénitencier de Port-Blair, il est vrai, contient quinze mille forçats qui proviennent de tous les pays relevant de la vice-royauté des Indes, depuis Aden jusqu’à la Birmanie ; mais outre que cet établissement est tout récent, les conditions où vivent, d’une part, ces convicts enfermés dans le pénitencier ou essaimés avec le « ticket of leave » dans quelques colonies agricoles toutes voisines de Port-Blair, d’autre part, les indigènes errant par petites tribus le long des rivages ou dans la brousse, ne produisent qu’une proportion absolument insignifiante de métis. La plus grande partie de l’archipel est restée telle sans doute qu’elle était il y a des milliers d’années, et la race y est extrêmement homogène.

On a beaucoup insisté sur l’uniformité des caractères physiques des Andamanais ; j’ai moi-même recueilli dans l’Andaman du sud une série de photographies dans laquelle il serait presque impossible