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Dugravier, exercent leur activité dans cette ville. Presque aussitôt, ils s’occupent d’organiser celle de Vitré et d’assurer des prédications à peu près régulières dans les châteaux gagnés à la réforme, c’est-à-dire le Bordage, la Magnane et la Corbonnaye.

Les calvinistes ne forment encore que des groupes de 40 à 50 personnes à Rennes aussi bien qu’à Vitré, mais leur petit nombre même leur assure une tranquillité relative malgré la rigueur des édits. La modération du duc d’Etampes, gouverneur de la province, contribue encore à ce résultat. C’est le peuple qui se montre le plus hostile à la religion nouvelle ; l’ignorance ajoute au fanatisme et des désordres assez graves à Rennes en seront la conséquence. Les réformés de Vitré paraissent avoir été moins inquiétés, mais, en vertu d’une ordonnance rendue par le gouverneur de Bretagne, en octobre 1560, ils ne pouvaient se réunir ouvertement. L’édit du 30 juillet 1561, qui tolérait en fait la religion nouvelle, permit au protestantisme de recruter de nouveaux adeptes en Haute-Bretagne. Les églises de Rennes et de Vitré organisèrent des assemblées secrètes et celle de Vitré même avait commencé à tenir des registres de ses baptêmes, mariages et sépultures qui permettent d’établir que des exercices assez fréquents étaient célébrés en présence de pasteurs attachés à cette église.

Saint-Malo avait aussi dès cette époque un petit groupe de réformés ; sans doute la présence en cette ville de nombreux marchands vitréens ne fut pas étrangère à la propagation des idées nouvelles.

Ln janvier 1562 fut rendu un édit très favorable aux réformés, mais au lieu d’être le point de départ d’une période de calme, cet édit fut au contraire presque aussitôt suivi de rigueurs systématiques, du jour où Catherine de Médicis se décida à prendre la direction du parti catholique. Une guerre civile s’engagea, dont les reformés bretons n’eurent pas beaucoup à souffrir. La Bretagne resta paisible et les plus exaltés des deux partis combattirent hors de la province. D’ailleurs, le duc d’Etampes avait pris ses précautions pour éviter toute