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comme un correspondant, ou mieux comme un confident, qu’il tient au courant de ses projets, de ses intentions, même en ce qui concerne les affaires religieuses les plus délicates. Et il termine sa lettre « en l’embrassant de tout son cœur » [1].

Peu après, Quéinnec se décida à habiter définitivement un canton voisin, Taulé, où, dans la commune de Guiclan, il possédait une ferme, portant également le nom de Kermorvan ; mais son désir était de finir ses jours chez lui, et c’est pour cela qu’il abandonnait le Kermorvan de Plounéour-Ménez, domaine congéable, pour le Kermorvan de Guiclan, sa propriété. « Guiclan, dit Ogée, a un territoire assez plat et couvert d’arbres et buissons ; les terres y sont excellentes et fertiles en grains et en lins. On y fait du cidre. »

Rappelons que Cambry a écrit de son côté : « On fabriquait aussi des toiles à carreaux dans les communes de Saint-Thégonnec, de Guiclan, de Pleyber-Christ… Ce commerce de toiles était très-considérable… Les coquilles de berniques se vendent ; on en fait de la chaux dans la paroisse de Guiclan et surtout chez les habitants de Penzé, qui blanchissent beaucoup de toiles… »[2].

Avec tant de ressources agricoles et industrielles, ce nouvel asile de Guiclan pouvait passer, à côté de la rude montagne de Plounéour-Ménez, pour une sorte de paradis terrestre.

Jacques Quéinnec, sans souci politique et bien ignoré désormais, y est mort le 26 avril 1817. Il suivait dans la tombe, de dix jours seulement, son ami Le Guen de Kérangal, l’ancien constituant, dont la disparition n’avait guère fait de bruit. Sic transit gloria mundi.


  1. Communication de M. Jean-Louis Quéinnec, ancien conseiller général de Saint-Thégonnec.
  2. Cambry, I, p. 103, II, p. 162. (V. plus haut.)