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de toute façon, souffert moralement et physiquement, où il était encore dépaysé.

Plus heureux que beaucoup de ses anciens collègues de la Convention ou des Cinq-Cents, Quéinnec eut la satisfaction, en rentrant dans son pays de Plounéour-Ménez, « un des moins fertiles de la province », a dit Ogée, d’y reprendre sa vie calme de la campagne, où il l’avait laissée, d’y retrouver une famille aimée, et même de l’augmenter bientôt d’une unité. Toutefois, en endossant pour le reste de ses jours son noir chupen léonard, en ceignant sa longue ceinture bleue, et en coiffant son chapeau de feutre cerné d’un large ruban de velours, il prit soin de serrer dans un vieux bahut son costume théâtral des Cinq-Cents. Il y est encore[1].

Malgré son isolement dans ce recoin de la montagne d’Arrée, Quéinnec n’eut garde non plus d’oublier ses amis d’autrefois, et l’ex-constituant Le Guen de Kerangal, pour ne citer que celui-là, venait parfois à sa modeste habitation lui rendre de cordiales visites ainsi qu’à sa famille et spécialement à Louise-Jacquette, la filleule de son fils Guy-Marie[2].

Quéinnec allait aussi revoir bientôt un de ses anciens collègues à la Convention, Yves-Marie Audrein, ancien vicaire général du Morbihan, qui venait d’être élu évêque constitutionnel du Finistère, (Quimper, 3 floréal an VI — 22 avril 1798), et qui allait y être sacré, le 4 thermidor (22 juillet).

Nous avons sous les yeux une lettre d’Audrein, datée de Quimper, 17 nivôse an VIII (6 janvier 1799), qui semble indiquer que tous deux avaient eu antérieurement des relations assez infimes. Elle prouve également que l’évêque, (qui appelle Quéinnec « son cher bon ami », et fait appel à sa sagesse et à sa prudence, qu’il connaît), l’a choisi dans cette région

  1. Le bahut et le curieux costume sont à présent à Loc-Menven, en Guiclan, chez son petit-fils, M. François-Marie Quéinnec (voir plus haut). M. Jean-Louis Quéinnec, l’ancien Conseiller général, demeurant à Bailléguen en Saint-Thégonnec, de qui nous tenons ces derniers renseignements, croit sa famille originaire de Tréflévénez, commune formée de l’ancienne trève de Tréhou et faisant partie aujourd’hui du canton de Ploudiry.
  2. V. plus haut, p. 3.