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sortes de liqueurs que l’on y a servi. Dans les petits repas de notre païs, je n’ai pu les donner ; à plus forte raison dans un pareil fricot. Je préfère te raconter une anecdote de l’ambassadeur Ottoman. À 5 heures, il demande à entrer dans un cabinet. Il entre, et se met à genoux, invoquant dieu, à sa manière. Au bout d’un quart d’heure, il s’étent (sic) et dort jusqu’à ce que son esclave l’éveille pour se mettre à table.

J’ai reçu tes deux montres avec la lettre y jointe.

Embrasses pour moi nos enfants et fais mes compliments à nos parents et amis ».

Ton mari
Quéinnec[1]


Avouons-le. Nous avons quelque peine à nous représenter le brave Quéinnec, coiffé d’une toque en velours, empanachée, revêtu d’une longue robe blanche, avec ceinture bleue, drapé dans un manteau écarlate brodé de couleur, se rendant processionnellement à travers les galeries du Louvre à la grande salle du Muséum pour y banqueter, en l’honneur de la paix, en compagnie de Bonaparte, des ministres, des ambassadeurs, etc.

Dans une autre lettre, Quéinnec étale encore son enthousiasme pour les Bonaparte, mais, par exemple, se montre très révolutionnaire dans ses théories sur les Domaines congéables :

À la citoyenne Quéinnec, chez le [illisible] Laurent, rue Bouréel Morlaix[2].


Paris le 11 Pluviôse an 6 de la république, (5 février 1798.)
Chère amie

« Tu as su sans doute que Joseph Buonaparte Ambassadeur près la cour de Rome a quitté cette ville pour se rendre au poste où le peuple l’appelait. Le 3 de ce mois[3], il a paru au Conseil des 500 et il a prêté le serment.

  1. En se reportant au Moniteur, qui revient à deux reprises et assez longuement sur ce banquet, on verra que les détails qu’en donne Quéinnec sont rigoureusement exacts. On y verra aussi que le retard de 3 heures fut dû à « un accident arrivé aux décorations ». (Moniteur, 2 et 3 nivôse an VI. Réimpression, t. XXIX, p. 102, 107).
  2. L’enveloppe de cette lettre porte le timbre à l’encre de Conseil des Cinq-Cents, P. P.
  3. Le 4 pluviôse. (V. Moniteur du 8). Il avait été élu par Le Liamone, un des deux départements formés alors par l’Île de Corse.