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Paris le 29 frimaire an 6 de la rép. (19 Xbre 1797.)
Chère amie,

« Le Corps législatif s’est décidé à célébrer une fête en commun à l’occasion de la paix.

Le banquet aura lieu demain 30, à la galerie du Muséum des arts (galerie du Louvre).

Les convives seront, outre les députés au Corps législatif, les membres du Directoire, le général Buonaparte, les Ministres, les Ambassadeurs des puissances amies, les généraux, les Présidents et Commissaires des autorités constituées, le Juge de paix et le Commissaire de la section des Thuileries, les présidents des principaux établissements appartenant aux sciences et aux arts.

Les deux présidents des deux Conseils feront les honneurs de la fête pour tous leurs Collègues. Ils seront placés l’un vis-à-vis de l’autre au milieu de la table. À leur droite et à leur gauche seront placés alternativement des membres du directoire, le Général Buonaparte, des députés secrétaires des deux Conseils, des généraux, des Ambassadeurs, et entre tous, les autres députés alternativement, des ministres, des membres du Corps diplomatique, des généraux, des membres divers des autorités constituées. Cet ordre sera marqué par des cartes posées sur les couverts. Chacun y trouvera son nom et sa place par ce moyen.

Les gens préposés au service auront tous une marque distincte sur leur habit.

Les deux présidents seuls porteront des toasts qui seront imprimés ; chaque toast sera suivi d’une musique analogue ; ils seront annoncés par des trompettes. Le premier toast sera porté ou moment même de s’asseoir à table, et après le dernier, on se lèvera de table pour se retirer dans la salle de réunion.

Un traiteur du Palais royal prépare ce dîner et en fait les avances, qui, certainement montera (sic) haut, (fest ar goadeguennou)[1]. Je t’en parlerai dans ma première lettre. Embrasses pour moi nos enfants et fais mes compliments à nos parents et amis ».

Ton mari
Quéinnec.


Dans le post-scriptum, qui termine cette lettre, Quéinnec passe à une affaire, celle-là, alors comme aujourd’hui, particulièrement intéressante pour la région du Léon, dont il était originaire :

« On ne peut que par le moyen de bons chevaux se retirer dans nos chemins de traverse : Eh bien. Je suis un des membres chargés par le

  1. « La fête des boudins ». Quand on tue un cochon, en Basse-Bretagne, c’est l’occasion de deux « fricots ». Le premier, le moins sérieux, a lieu le jour même, et le mets principal est le foie. Le second, plus confortable, n’a lieu que le dimanche suivant, et l’on y mange les boudins, ainsi que tout ce qui ne se conserve pas de l’animal (V. Galerie bretonne, 1836, t. ii p. 69)