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En l’an vi, la débâcle des ex-conventionnels fut complète, définitive.

Dans le Finistère, à part Bohan, tous les anciens conventionnels furent balayés, même Kervélégan, qui ne put rentrer au corps législatif qu’un an après, et au Conseil des Cinq-Cents, cette fois[1].

Les électeurs ne semblaient plus avoir qu’une préoccupation : éliminer tous les candidats qui avaient appartenu à la Convention, sans se préoccuper s’ils avaient été girondins, montagnards, thermidoriens. De l’an IV à l’an viii, il semble que leur mot d’ordre ait été : « Plus de conventionnels ! » [2].

Un Corps législatif ainsi recruté, soumis dès son origine à de pareil tiraillements, modifié dans la suite à chaque renouvellement annuel presque radicalement, devait être singulièrement gêné pour accomplir une œuvre utile et suivie. On pouvait se demander s’il oserait seulement regarder en face le formidable programme de reconstitution qui se présentait à lui. Il osa pourtant, se mit au travail et vit souvent ses efforts couronnés de succès.

Pour ne pas sortir du cadre de cette modeste étude, nous nous contenterons de dire ici que les députés du Finistère ne furent pas de ceux qui montrèrent alors le moins d’activité.

Riou de Kersalaün (qui devint président des Cinq-Cents,

  1. Les électeurs lui préférèrent De Roujoux, ancien député à l’Assemblée législative, mis hors la loi par la Montagne et rétabli, après thermidor, dans ses Fonctions d’accusateur public. Cet échec de Kervélégan n’a été signalé par aucun de ses biographes.

    Marec, l’ancien conventionnel du Finistère, recueilli en l’an IV par Saône-et-Loire, n’avait pas été réélu en l’an V.

  2. Cette impopularité des conventionnels devait les suivre jusqu’au tombeau.

    J’ai vu moi-même, en 1830, écrit Edgar Quinet, le retour des conventionnels exilés… Ce souvenir me navre encore au moment où j’écris. Ils voulurent revoir leurs provinces natales, où ils avaient été honorés, applaudis ; pas un seul ne s’ouvrit à eux, le séjour leur devint bientôt insupportable… » (V. la Révolution, 4 novembre 1906, p. 405).