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« Sauf une vingtaine de conventionnels, — a dit Taine à ce propos, — tous ceux qui ne parviendront point à entrer dans le nouveau Corps législatif intrigueront pour obtenir une place à Paris, et deviendront « messagers d’État, employés dans les bureaux, huissiers dans les ministères » ; faute d’autre emploi, ils accepteraient d’être « balayeurs de la salle ». Tous les refuges leur sont bons contre la réprobation publique qui monte et déjà les submerge de son flot. » [1]

Dans le Finistère, comme presque partout, les élections du nouveau tiers constituèrent une véritable protestation et furent une revanche contre la duperie, la carte-forcée qu’avait été le repêchage en bloc des conventionnels. Les trois élus furent des hommes très modérés. Ils avaient des raisons pour cela, car c’étaient des victimes des terroristes : ils se nommaient Riou de Kersalaün (Marie-François-Joseph), de Bergevin (Olivier), et Trouille (Jean-Nicolas). Aussi leurs élections furent-elles discutées et même plus ou moins contestées par l’énorme majorité formée par les ex-conventionnels. Riou faillit même voir la sienne annulée, en sa qualité de parent d’émigré[2], prétexte ridicule, mis en avant, sans doute parce qu’on n’osait lui reprocher d’avoir été un des défenseurs des malheureux administrateurs, guillotinés à Brest, le 3 prairial.


    conventionnels exclusivement, une liste supplémentaire triple de la première : 3o  d’élire enfin, soit dans la Convention, soit au dehors, les députés composant le 3e  tiers.

    Le Finistère, par exemple, avait à élire :

    Liste principale
    8
    Liste supplémentaire
    24
    Nouveau tiers
    3

    Soit au total
    35 noms

    Or, dans ces 35 noms, les électeurs du Finistère ne portèrent que ceux de trois de leurs conventionnels ; et il en fut de même dans presque tous les départements.

  1. Taine : Les Origines, etc. La Révolution, t. III, p. 559.
  2. Dict. des Parlementaires. On lit d’autre part dans un ouvrage de M. Levot : « L’élection de Riou-Kersalaün ne fut validée qu’à grand’peine, parce que le procès-verbal du 25 vendémiaire an IV (17 octobre 1795) ne lui attribuait que le second de ces noms et qu’on le crut noble et parent de M. Ruzénou de Kersalaün, de Quimper ». (Brest sous le Directoire et le