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meur, si la Convention n’avait, le 7 août 1793, appelé à siéger en remplacement de Kervélégan, mis hors la loi, le premier suppléant du Finistère, Pierre-Bruno Boissier.

Blad, Bohan et Quéinnec, ainsi que la plupart des protestataires, furent arrêtés inopinément, en pleine Convention, le 3 octobre 1793, et traités en criminels des plus dangereux. Qu’on en juge par ces quelques lignes du procès-verbal de la séance :


*** : Je dénonce un fait très important : il vient d’être remis à un député de ce côté (du côté droit) deux clés par un des membres mis en état d’arrestation.


*** Cette clé est celle de ma chambre ; je demeure en commun avec le député qui me l’a remise.

Billaud-Varenne : Je demande que cette clé soit déposée sur le bureau et renvoyée au Comité de Sureté générale[1].

(Cette proposition est adoptée).

Quéinnec, un an après, a pris soin de raconter ces arrestations, puis les phases de sa longue et dure captivité, dans une sorte de journal, mémoire naïf, rédigé hâtivement pour sa femme, pour elle seule, et qui mérite, en conséquence, d’être lu avec la plus grande indulgence : En effet, si la critique a le droit de se montrer sévère pour le personnage politique en vue, qui, posant devant ses contemporains, ou même devant la postérité, a rédigé avec soin et méthode des mémoires, un rapport, un écrit apologétique, peut-elle juger de même l’honnête homme, inhabile à manier la plume, qui s’adresse à une personne chère, et qui, sincèrement, tout bonnement, comme s’il lui parlait on tête-à-tête, essaie de lui raconter ce qu’il a vu, ce qu’il a souffert loin d’elle ?

Nous ajouterons que nous avons respecté l’orthographe, souvent défectueuse, de Quéinnec ; mais beaucoup de ses fautes (on s’en apercevra sans peine) doivent être attribuées

  1. Moniteur (5 octobre). — Réimpression, 1, XVIII, p. 37-39.