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Boissier n’était guère qualifié pour combattre une politique et s’attaquer à des événements qui, en somme, avaient déterminé son appel, en remplacement de Kervélégan, mis hors la loi. Et de fait, Kervélégan une fois rentré à la Convention, ne semble-t-il pas que Boissier aurait du disparaître et que sa présence n’y avait plus aucune raison d’être ? Il en jugea autrement[1].

En somme, on doit reconnaître que la plupart des représentants du Finistère ne firent guère preuve d’énergie dans ces circonstances (leurs électeurs le leur rappelleront bientôt), et il fallut même que les émeutes de germinal et de prairial vinssent rappeler à plusieurs d’entre eux que les adversaires acharnés qui les avaient incarcérés et décimés n’avaient pas encore renoncé à remplir les prisons et à rétablir les échafauds,

Marec, un peu converti par thermidor, s’élèvera alors de toute son indignation contre « les brigands, contre les scélérats, qui ont violé la Convention et qui se sont rassemblés à la Commune ».

Il est vrai, si l’on se reporte au procès-verbal de la séance du 1er  prairial (22 mai), qu’il avait, à son tour, passé, ce jour-là par des heures terriblement angoissantes :

« …Des coups très violents, donnés dans la porte de la salle, à gauche du président (Boissy d’Anglas), annoncent qu’au veut l’enfoncer. Déjà les ais crient, et l’on croit entendre le bruit de plâtras qui tombent et se brisent. Une partie des femmes vident la dernière tribune, à gauche du côte de Brutus.

  1. Boissier, élu administrateur du Finistère, le 24 juin 1790, se trouva un des quatre administrateurs, qui ne furent, l’objet d’aucune poursuite. Le 29 juin 1792, Boissier avait cependant rédigé l’adresse à la Convention, où le Conseil général se déclarait en situation de se porter sans délai au secours de la Constitution, et d’assurer la tranquillité du lieu des séances de la représentation souveraine. (Le Guillon-Penanros : L’administration du dept du Finistère de 1790 à 1794, p. 257). Le 20 juin 1793, le District de Brest l’avait élu son délégué au Comité central de Rennes, dit « Comité de résistance à l’oppression ». Refusa-t-il ? C’est possible, car son nom ne figure pas parmi ceux des signataires du Compte rendu aux citoyens d’Ille-et-Vilaine et du Finistère par les commissaires des Conseils généraux, des départements districts et communes de ces territoires, de leur mission à Paris ou autres lieux, relativement aux évènements du 31 mai et jours suivants. Rennes, Robiquet, 1793, 12 p. in-4o (Sur Boissier (Pierre Brunay, v. Biobibliographie bretonne).