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passé. Puis, pour plus de sûreté, le 19 brumaire (9 novembre), il consentit à réclamer l’appui moral de la Société populaire de Brest. Enfin, le 9 ventôse (27 février 1794), il alla jusqu’à écrire à Jeanbon Saint-André « qu’il avait été cruellement trompé par un homme qui en avait trompé bien d’autres ». « Je le nomme, ajoutait-il, c’est Kervélégan. » À la Convention, Gomaire n’avait donc désormais qu’à se taire[1].

Deux autres représentants du Finistère, Guezno et Guermeur, étaient, à cette même époque, absents et en mission, le premier depuis le mois de mars 1793, et le second depuis le mois de mars 1794, ce qui nous paraît prouver suffisamment que ni l’un ni l’autre n’était alors considéré comme hostile à la Montagne[2].

Restaient Quéinnec et Bohan, qui, nous l’avons vu, avaient partagé le sort de Blad pour avoir protesté contre le coup d’état de la Montagne. Rendus circonspects par une cruelle expérience, dont ils craignaient peut-être le retour, ils montrèrent moins de hardiesse que lui.

Enfin, faut-il mentionner Boissier, même pour mémoire ?

  1. Lanot ; Brest pendant la Terreur, p. 295.

    Le Dict. des Parl. se trompe encore en disant que « Gomaire fut décrété, comme signataire des protestations des 31 mai et 2 juin et qu’il resta en prison jusqu’après le 9 thermidor ». Gomaire fut incarcéré le 2 juin, et les auteurs des protestations, datés des 6 et 19 juin, furent arrêtés, en pleine Convention le 3 octobre seulement. En outre Gomaire fut libéré, après avoir fait amende honorable dans l’écrit qu’il avait publié le 15 août 1793. Gomaire (Jean-René), vicaire général de l’évêque Expilly, avait aussi fait partie de l’administration départementale. Élu en septembre 1701 par 27 voix, il en était sorti, avant son renouvellement général, en novembre 1792, les électeurs l’ayant nommé, le 9 septembre précédent, leur 8e  et dernier député à la Convention (v. Biobibliog. bretonne, Dict. des Parl.)

  2. Bien que Guezno fût exclusivement occupé à la réorganisation de la marine, à laquelle il donnait tout son temps et toutes ses forces, il faillit aussi devenir victime du tribunal révolutionnaire de Brest. C’est ce que reconnaît M. Léon Lévy, le biographe de Jeanbon Sainl-André :

    « Dans le procès des administrateurs du Finistère, Donzé-Verteuil, l’accusateur public, voudrait englober un des 73 girondins détenus à Paris, Bohan pour une lettre, qui ne porte pas sa signature mais paraît être de son écriture, et le représentant Guezno, « maintenant en mission à Rochefort » et « non moins scélérat », dont il a saisi quatre lettres. Il n’ose toutefois prendre cette responsabilité, et il s’en remet à la sagesse et au républicanisme de Fouquier-Tinville ». (Arch. nat. W. 500. Lettre de Donzé-Verteuil du 20 germinal an II. — 9 avril 1794, citée par M. Lévy, p. 755).