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Le 29 ventôse (19 mars), il s’élève contre une phrase malheureuse de Lecointre, qui ose glisser la date du coup d’État de la Montagne parmi celles des « immortelles journées de la Révolution » :

« Prôner le 31 mai, proteste Blad, mais c’est faire l’apologie de l’assassinat. N’y a-t-il pas d’ailleurs un décret qui proscrit cette journée ? » [1].

Que faisaient donc, pendant ce temps, les sept autres représentants de ce département, qui avait été si cruellement terrorisé ? Ils pouvaient parler désormais. Rien ne les retenait plus : rien ne les empêchait de s’associer au moins à Blad pour réclamer vengeance du sang répandu.

Aucun d’eux ne prit la parole aux séances de la Convention, mais leur silence avait des raisons bien différentes.

Prenons séparément chacun de ces représentants.

Voici d’abord Marec. Sa conduite a été jugée sévèrement ; on l’a accusé d’avoir manqué de fermeté, et même de dignité et de franchise. Disons ici seulement que, lors des interventions de Blad à La Convention, Marec devait être occupé de son rapport sur les événements de Brest, rapport qui fut présenté au Comité de Salut public, à la date du 13 ventôse an iii (3 mars 1795)[2].

  1. Moniteur, 3, 5 pluviôse, 7 ventôse, 2 germinal an iii. — Réimpression, t. xxiii, p. 263, 293, 535, t. XXIV, p. 13.

    Blad avait été élu administrateur du Finistère en septembre 1791, mais n’avait pus dû siéger en cette qualité. Sa démission de cette fonction (parce qu’il avait accepté la place de procureur de la commune de Brest), est, en effet, du 25 novembre suivant.

  2. M. Léon Lévy, auteur d’une importante étude sur le Conventionnel Jeabon Saint-André, dit notamment à propos de ce rapport de Marec, « Ce personnage, qui s’était compromis dans le mouvement fédéraliste du Finistère, montra d’autant plus de violence contre la Terreur, en l’an III, qu’il avait été muet et tremblant devant elle » (p. 508).

    Et plus loin : « Marec aussi hardi maintenant qu’il s’est tenu coi sous la terreur ». (p. 990).

    Marec effectivement ne cessa pas de siéger à la Convention, mais il serait injuste de lui reprocher le silence qu’il y garda avant le 9 thermidor. Y eut-il un seul représentant qui ait osé protester contre le sang versé ? C’eut été sacrifier bien inutilement sa tête ; et la meilleure preuve, on la trouve dans les moyens de défense des missionnaires terroristes, Carrier, Lebon et tutti quanti. Tous diront invariablement : « Que nous reproche-t-on ? Quel est donc notre crime ? Nous avons agi d’après les instructions