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Ils s’excusent, et c’est leur faiblesse, d’avoir protesté contre le coup d’état de la Montagne, quand ils disent ;

« Nous avons signé, non pas une protestation, mais un compte-rendu des événemens des 31 mai, 1er  et 2 juin 1793, vieux style. Nous le devions à nos commettans. »

Et plus loin :

« Eh bien ! ce compte qui fait notre crime est resté en projet. Nous le vouâmes bientôt au néant. Aucun de nous n’en conserva même une copie. Aucun département n’en eut connaissance. Il n’eut aucun effet. La discussion de l’acte constitutionnel qui suivit de près ces journées ; l’espoir de voir bientôt le règne de la loi succéder à l’anarchie, et les entreprises des ambitieux comprimées par l’organisation sociale, nous déterminèrent un silence. Nous regardâmes les événenems des 31 mai 1 et 2 juin comme les dernières convulsions du corps social, qu’un régime sage allait préserver pour toujours de ces crises violentes.

Nous assistâmes régulièrement aux séances de la Convention. Nous discutâmes la Constitution avec tous nos collègues. Nous l’envoyâmes à nos commettans comme l’arche sainte où devaient s’éteindre toutes les divisions, où devaient se concentrer tous nos vœux. Nous redoublâmes de zèle dans les travaux des Comités. Nous présentâmes plusieurs projets de loi en leur nom.

Ce n’est qu’après quatre mois de sécurité, qu’on produit contre nous cette pièce informe que nous avions cru anéantie ; celui qui s’en empara, qui la conserva contre l’intention de tous, nous avoit assuré l’avoir livrée

aux flammes[1]. Les conjurés marchèrent depuis avec un succès effrayant vers le terme de leurs crimes, et si le dix thermidor votre énergie n’eût arrêté ce torrent, vous étiez comme nous enveloppés dans la commune

  1. Le Moniteur (12 brumaire an ii — 2 novembre 1794) publie sous le nom de mélanges la protestation en question. Elle est précédée de ces lignes : « Le Moniteur devant être le dépôt des pièces historiques les plus importantes, nous y insérons la déclaration suivante, trouvée dans les papiers de Duperret, et qui a servi de motif à l’arrestation des 71 (sic) députés détenus. Elle est imprimée par ordre de la Convention, et doit trouver sa place dans les annales de la révolution ».

    Suit la protestation, où les noms de beaucoup de signataires sont méconnaissables. Le nom de Quéinnec est écrit Queinée. (V. Réimpression : XXII, 385).

    Sur la saisie de la protestation chez Duperret, ancien membre de l’Assemblée législative guillotiné avec les Girondins, le 31 octobre 1793, v, le Moniteur (3 brumaire an iii — 24 octobre 1794). Réimpression, xxii 292.

    À la séance de la Convention du 3 frimaire an iii — 23 novembre 1794 dans l’appel nominal sur l’accusation contre Carrier, il n’est pas question de Blad et de Bohan, toujours incarcérés, non plus que de Kervélegan, mis hors la loi. Quant à Quéinnec, il est porté comme… en congé.