Page:Annales de Bretagne, Tome XXIX, n°1, nov. 1913.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parmi les députés, Jacques Quéinnec avait été élu, le 8 septembre, le 5e  sur 8, par 208 voix sur 441 votants.

Probablement sans grand enthousiasme (il était déjà père de six enfants, et sa femme était enceinte d’un septième), Quéinnec prit le chemin de Paris ; mais, dès son arrivée, il eut bien soin de prendre ses mesures pour sauvegarder son patrimoine et surveiller son industrie. Mme Quéinnec lui sembla toute désignée pour le remplacer à Plounéour-Ménez :


Je soussigné Jacques Quéinnec, député par le Département du Finistère à la Convention nationnale à Paris y demeurant Paroisse de St Eustache, section de la Halle aux bleds, rue St. Honnoré, No 88, donne pouvoirs et procuration à Louise Madec mon épouse demeurante sur la paroisse de Plounéour Ménez, section de St Divy, canton de Pleiber Christ, district de Morlaix, Département du Finistère, d’intenter procès pour la rentrée de nos dues et droits et de faire en mon nom, comme si j’agissois en personne, tous les actes relatifs à nos biens, tant mobiliers qu’immobiliers, déclarant par le présent l’authoriser à cet effet et approuvant ce qu’elle fera retouchant, renonçant à tout prétexte, de revenir contre, en foi de quoi je signe, À Paris le vingt-huit, novembre mil sept cent quatre vingt douze, l’an premier de la République française,

Jacques Quéinnec[1]

.


N’est-il pas singulier, remarquerons-nous en passant, de voir, plus de deux ans après la nouvelle division du territoire français, plus de quatorze mois après la proclamation de la République, un de ces farouches conventionnels employer encore, dans une pièce officielle, le mot de « paroisse de St Eustache » ?

Le rôle de Quéinnec à la Convention fut effacé, mais moins pourtant que celui de plusieurs de ses collègues, qui, si l’on n’avait, pas eu recours parfois à l’appel nominal, ne figureraient même pas aux Tables du Moniteur.

Dans le procès du roi, avec la presque unanimité des conventionnels, tous ceux du Finistère avaient répondu affirmativement au 1er  appel : « Louis Capet, ci-devant roi des

  1. Cette procuration est sur timbre et écrite de la main de Quéinnec. On lit à la suite : « Enregistré aux actes à Morlaix, le 3 décembre 1792. R. vingt sols. Signé : Cugnols. »