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vateurs qui s’occupent de ce travail dans les moments qu’ils n’emploient pas à la culture des terres qui leur appartiennent ou qu’ils afferment.

On peut se rappeler qu’il a été dit plus haut que la vente des toiles avait lieu principalement dans les villes de Morlaix et de Landerneau. Avant la Révolution, toutes les espèces de toiles, sortant des mains des fabricants, et avant d’être livrées dans la commune, étaient portés aux hôtels communs de ces deux villes, et elles y étaient estampillées après qu’on s’était assuré qu’elles avaient les dimensions et les qualités requises pour chaque espèce de toile : celles qui étaient défectueuses étaient coupées de manière à ne pouvoir être vendues qu’en détail. Cette vérification scrupuleuse avait tellement établi la confiance que, chez l’étranger, la seule inspection de la marque les faisait recevoir sans autre examen. La cupidité a profité des troubles de la Révolution pour se soustraire à cet usage, et le discrédit des toiles en a été la suite…[1].

Lors du renouvellement général de l’administration départementale qui se fit à Lesneven, du 11 au 18 novembre 1792, le nom du « fabriquant » Quéinnec ne figure pas non plus sur la liste des électeurs.

Cela ne peut surprendre quand on sait que, deux mois auparavant, du 5 au 10 septembre, s’était tenue à Quimper une autre assemblée électorale, où avaient été nommés les députés qui allaient siéger à la Convention nationale et trois suppléants, dont un seul, Boissier, devait être appelé[2]. Or,

  1. Annuaire de Quimper, Y.-J.-L. Derrien, in-8o, p. 145 et suiv. Les toiles de Bretagne, inusables, étaient cotées entre toutes.

    Sans pousser plus loin les recherches, signalons cependant quelques pages consacrées récemment à l’ancienne industrie textile bretonne par M. A. Le Braz dans son Essai sur l’histoire du théâtre celtique, Calman-Lévy, in-8o, 1904 (v. p. 211 et suiv).

  2. Kervélégan, mis hors la loi, fut remplacé par le premier suppléant Pierre Bruno Boissier (V. les Recueils biographiques). Les deux autres suppléants furent Le Prédour (Louis-Joseph-Marie), homme de loi à Châteaulin, et Poullain (Augustin-Pierre-Claude) ex-commissaire du roi à Lesneven.

    Tous trois faisaient partie de l’administration départementale du Finistère qui fut mise en accusation en 1793.

    Boissier ne fut pas alors inquiété. Le Prédour fut guillotiné à Brest, le 3 prairial au II (22 mai 1794). Quant à Poullain, dirigé sur Paris, où il devait paraître devant le tribunal révolutionnaire, il fut sauvé par le 9 thermidor.