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Assemblées nationales et départementales se firent constamment remarquer par leur esprit de modération et de tolérance………

Les premiers orages de la Révolution n’atteignirent point le commerce des toiles pour l’exportation, qui se continua dans les mêmes conditions que précédemment jusqu’à la guerre… »[1].


Nous trouvons la confirmation de cette dernière assertion au Rapport fait au Conseil général du département du Finistère à l’ouverture de sa session du 15 novembre 1791, par les principaux administrateurs composant le directoire, sur les principaux objets de leur gestion, depuis le 7 août 1790, époque à laquelle ils sont entrés en activité :

« Le commerce des toiles n’a pas dégénéré… » inscrivent-ils au paragraphe qui a trait au commerce et à la pêche[2].

Dans son Voyage dans le Finistère, ou État de ce département en 1794 et 1795, le cn Cambry donne un tableau du commerce du port de Morlaix « ruiné par le régime de la Terreur » qui, dit-il, consiste surtout en toiles, et il en détaille « la nature, les noms et les proportions ».

Plus loin, il revient encore sur ce même sujet :

« Le principal commerce du pays se fait en toiles ; elles sont tissues par une infinité d’ouvriers répandus dans les campagnes, sans qu’on y voit une seule manufacture en grand : les deux tiers de ces toiles étaient portées à Morlaix ; le reste allait en Espagne, à Lisbonne, à Bilbao.

» Ces toiles étaient de trois espèces :

» 1o  Les toiles blanches de Léon, Crez ou Bretagne.

» 2o  Celles Plougastel, blanches, propres à faire des chemises, des serviettes de bonne qualité.

» 3o  Celles de Plouvorn, grosses et rousses.

» On fabriquait aussi des toiles à carreaux dans les communes de Saint-Thégonec, de Guiclan, de Pleiber-Christ : on en faisait des matelats : elles servaient à la traite des nègres.

» Ce commerce des toiles était très considérable……

» Les coquilles de « berniques » (une espèce de « lepas » qui couvrent les rochers de Bretagne) se vendent ; on en fait de la chaux dans la

  1. Journal L’Écho de Morlaix (janvier 1876)
  2. Procès-verbal des séances des administrateurs du département du Finistère assemblés à Quimper, pour tenir la session annuelle prescrite par le décret du 22 décembre 1789, 1 v., in-4o, 144 p. — Rapport, etc., 84 p. in-4o et tableaux. (Les deux parties forment un volume). Quimper, Y.-J.-L. Derrien, 1792, V. p. 63 du Rapport.