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COLONISATION 159

aux conséquences économiques et sociales du régime servile à la Cuade- loupe. Mr Satineau nous montre comment ce régime détermina la dispari- tion des petits propriétaires blancs qui d'abord dominaient à la Guadeloupe comme dans toutes les autres iles françaises : le colon, aidé de deux ou trois engagés ou noirs, cultivait le tabac, le gingembre ek le roucou, travaillait le sol à la charrue et en tirait l'essentiel de son entretien. L'introduction de l'esclavage fit abandonner ce régime et amena le développement de la grande propriété, une politique d'exportation outrancière et la culture à peu près exclusive de la canne à sucre. Ce qui ne tarda pas à dépeupler l'Île, comme ses voisines, et à l'exposer aux coups de main des puissances étrangères. On trouvera dans le livre de M Satineau une étude assez nuancée de ces réper- cussions des problèmes de main-d'œuvre sur les problèmes de propriété et de peuplement — et réciproquement. L'ouvrage est moins riche par contre sur les conséquences morales, pour les blanes, de la pratique invétérée du régime servile. Sur ce point, il ne nous donne pas l'équivalent du livre, si vivant, de Pierre de V ère sur Saint-Domingue, la Société et la vie créole sous l'ancien régime (Paris, 1909, in-12}, mais, sur tous les problèmes spécialement écono- miques que posait l'existence d’une colonie antillaise sous l'ancien régime, on trouvera vraiment profit à étudierson livre sérieux, mesuré et bien informé Lucien FEuvRE.






M Gronçes Varrien, auteur d’un Essai sur la mentalité canadienne fren- gaise, a tracé en 128 pages (Paris, Ed. Champion, in-89), une Esquisse historique de la colonisation de la province de Québec (1608-1926), qui, sans doute, n'est qu’une esquisse eL n'apporte sur aucun point des recherches originales appro- fondies, — mais qui constitue une vue cavalière fort satisfaisante d'un sujet très important et très riche en développements divers. Une brève introduc- tion géographique, un résumé succinct des débuts de la colonisation sous le régime français, de 1608 à 1763, ne sont là que pour permettre à l’auteur d'être complet. Aussi bien se borne-L-il, dans ces trente premières pages, à résumer des ouvrages connus : celui de Salone notamment, sur La colonisation de la Nouvelle France (1905) ou l'intéressante étude de Munro sur le régime sei- gneurial au Canada (Documents relating 10 the seigniorial tenure in Canada, Toronto, 1908); mais, à partir de 1760, ces guides lui font défaut ; ildoit aller de l'avant à peu près seul, — et le tableau qu'il trace du peuplement de la pro- vince de Québec sous le régime anglais (1760-1923) est en grande partie neuf et original dans sa brièveté. De même, les quatre études qui constituent plus de Ia moitié du livre, sur les causes de la colonisation, les obstacles auxquels elle se heurte, l'aide qu'elle reçoit, les résultats enfin qu'elle procure : ces études sont nourries et fort suggestives. Indications eurieuses, çà et là, sur V'antagonisme des marchands de bois (souvent favorisés par les pouvoirs publies) et des partisans de la colonisation, done du défrichement ; sur les conditions matérielles d'existence des colons ; sur l'attitude du clergé, volon- Liers propagandiste de la colonisation {ef. p. 106-111, croquis intéressant du curé Labelle, apôtre impénitent du peuplement dans les forêts du Nord), ete. A la fin, un croquis un peu schémalique, mais intéressant des régions eL des phases de la colonisation dans la Province de Québec {avec distinction des