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ÉCONOMIE DE L'EUROPE SLAVE 153

tions diverses qu'a suscitées la Révolution française. M° Pekar veut modifier la conception de la démocratie dans le hussitisme et ajouter des traits nou- veaux à la physionomie de Zizka. Je crois, quant à moi, que cela ne porte pas préjudice à notre histoire. Des idées qu'apporte l'historien, beaucoup sront sans doute révisées à la suite des discussions en cours et dont nous essaierons de donner un compte rendu aussitôt que le tome III aura été publié. Pour ne parler que de la situation sociale, il faudra sinon repousser ses conclu- sions, du moins les approfondir. Nous sommes trop loin de bien connaître l'évolution de la question paysanne aux xive et xve siècles pour être à même d'apprécier à sa juste valeur l'influence qu'a exercée sur elle la révolution hussite. En attendant, il est difficile de dire si, en dehors des motifs religieux, c'est la misère matérielle qui poussa les paysans à la révolution ou bien si au contraire une situation satisfaisante leur avait permis de s'occuper davan- tage des choses de l'esprit. Et pareillement les résultats économiques et sociaux de la révolution nous sont toujours mal connus. Malgré l'existence de plusieurs travaux récents, on ne peut considérer le chapitre de M' Pekar comme définitif, Je pense qu'il faudra avoir recours, plus fréquemment qu'on ne l'a fait jusqu’à présent, à la méthode comparative et juger la situation en Bohème par rapport à celle des pays voisins, et particulièrement des pays situés à l'Ouest de la Bohême. 11 faudra aussi donner une définition de la démocratie d'alors, et en établir éventuellement les degrés en Bohême par comparaison avec les pays voisins, — compte tenu, bien entendu, de toutes les différences de leur évolution respective. C'est par cette méthode seulement qu'on pourra mesurer les conséquences qu'a eues la révolution hussite pour le développement social en Bohème.


V. Cenny.

L'étude des budgets ouvriers a pris, en Russie, au cours de ces dernières années, un développement considérable. Avant la guerre, ce domaine était resté presque totalement inexploré, sauf pendant la période qui suivit la révolution de 1905. Dès le début de la révolution de 4917, la question fut mise à l'ordre du jour. On l'a agitée, sans méthode précise, d'ailleurs, dans les premiers numéros de Ja Statistique du travaili. Mais pendant la guerre civile, des recherches de cet ordre devinrent rapidement à peu près imprati- cables : comment, en effet, établir le budget des recettes d’une famille ouvrière dont les membres étaient souvent dispersés et dont les salaires étaient payés, très irrégulièrement, en un papier dont la valeur variait avec une rapidité déconcertante ? Comment tenir un compte tant soit peu précis, non seulement des fournitures en espèces, mais encore des ressources diverses telles que la vente d’ustensiles de ménage, l'apport de vivres provenant de parents vivant dans les campagnes ?

Depuis l'introduction de la nouvelle politique économique ct surtout depuis la réforme monétaire du début de 1924, les enquêtes sur les budgets ouvriers ont pu se faire en partant de données parfois sujettes à caution, mais,

4. Statistiha truda. Moscou (depuis 1943 ; mensuel. �