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ÉCONOMIE FRANÇAISE 135

trouve conduit à n’attacher qu’une moindre importance à la culture des céréales. Le manque de main-d'œuvre, résultat à la fois d’une émigration acerue — vers Lyon toujours — et des pertes de guerre, agit dans le même sens : les emblavures cèdent la place aux prés, éternelle ressource des régions qui manquent de bras ; quelques vignes même — très peu — ont été arra- chées. C'est le vieil équilibre agricole qui s’effrite. Lentement, d'ailleurs . Rien de plus stable, note justement Mr Chabot, que l'assiette économique et sociale de ces contrées de polyculture traditionnelle. En tant que pays, la Côtière n'existe plus guère ; elle se fond dans une unité beaucoup plus vaste : la banlieue lyonnaise. Mais, dans ce grand tout, les villages de la côte de Dombes conservent, atténués sans doute, mais toujours présents, leurs carac- Lères ancestraux.

Le « Cantal », tel que s’est proposé de Pétudier Mie Manecerxe BASSERRE!, groupe plusieurs régions distinctes : le massif montagneux avec les « pla teaux d'élevage qui l'entourent, la plaine d’Aurillac, unie aux hautes terres voisines par des rapports économiques très étroits (non seulement Aurillac est le grand marché du haut pays, mais encore les propriétaires de la plaine possèdent fréquemment, en montagne, des pâturages d’été), la Planèze enfin, plateau agricole dont les liens avec l’ensemble qui précède sont peut- e moins sensibles ; car je ne vois point qu'elle ait quelque part à la vie pas- torale cantalienne. Cette vie pastorale, naturellement, se place au cœur ême de la recherche. Les traits qui l’opposent à celle des Alpes ou des Pyré nées se retrouvent à peu près partout, semble-t-il, dans le Massif Central® absence de stations intermédiaires entre les bas pâturages et les « burons » des hauteurs, appropriation privée des e montagnes», pas de troupeaux com- muns. À la différence de la Côtière de Dombes, le Cantal, pourtant singuliè- rement plus difficile d'accès et plus éloigné des grands centres, paraît avoir, de bonne : sure, travaillé pour l'exportation : les fromages — les « fourmes» fabriquées dans les burons — n'étaient pas, pour la plupart, destinés à la consommation locale. Aussi bien l’émigration, très anciennement, elle aussi, mit la Haute-Auvergne en rapports avec les milieux économiques du dehors. Bien entendu, pas plus que la Côtière, le Cantal n'a échappé aux métamor- phoses qui, au cours des xrxe et xxe siècles, ont si profondément modifié la physionomie de tous nos pays de France. Le village a cessé de devoir ou de vouloir, à tout prix, se nourrir de son propre blé : d’où une tendance à la spécialisation culturale, qui, ici, s’est traduite par les progrès de l'élevage, aux dépens des labours ; depuis une trentaine d'années, la crise de main- d'œuvre, d’autres causes encore peut-être, ont précipité l'évolution. Tout le régime des échanges s’est modifié. Les foires, où jadis se vendaient toutes sortes de marchandises, ne sont plus guère que des marchés à bestiaux et, à ce titre même, commencent à dirainuer d'importance ; l'acheteur, de plus en plus, va trouver le producteur, à domicile. Depuis la guerre, la propriété semble se concentrer.

L'une et l'autre, les deux monographies dont je viens, sommairement,










4. Le Cantal : économie agricole et pastorale, Aurillac, imprimerie moderne, 1928 {thèse Lettres, Paris), in-8°, 229 p., 12 pl, 11 fix, 1 carte hors texte.

2. Cf., notamment, Pi, ARnos, Le massif du Cézalier, dans evue de géographie apine, Le XIV, 1926.