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132 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

de la péninsule. Parlons d’Anglo-Saxons et de Normands encore : contro- verse toute pareille, en Angleterre cette fois. Mr P.-8. Lricnr a repris l'examen des faits italiens, en se limitant, sauf une ou deux exceptions, au royaume Jombard. Son travail ne vise évidemment pas à une étude exhaustive ; on y trouvera plutôt une suite d'observations, qui éclairent les différents aspects äu sujet. Ces remarques sont, comme on pouvait l'attendre de l'auteur, extrêmement instructives et pénétrantes. Mais n’aurait-il pas fallu, avant tout, décomposer, en ses différents éléments, le problème lui-même, énoncé trop souvent sous une forme un peu rudimentaire ? Pour ma part, je ve d'abord, un fait de langage, qui est très clair. Sous le régime carolingien, le vieux mot germanique commun de gasindius (compagnon), attesté chez les Lombards à l'époque ancienne, cède la place à un terme spécifiquement gallo-franc et, selon toute apparence, d'origine celtique : vassus. La même substitution s'était produite auparavant dans la Gaule franque elle-même (Cf. H. Bnuxwer, Deutsche Rechtsgeschichte, 2e éd, 1. I, p. 351 et suiv.). En Gaule elle avait eu lieu, vraisemblablement, par l'effet d’une poussée du lan- gage populaire. En Italie, l'influence exercée par le vocabulaire des vain- queurs suffit à l'expliquer. M° Leicht note que vassus s’est rapidement spé cialisé, en Italie, dans le sens de dépendant haut placé, chargé d'obligations surtout militaires (le terme de gasindius demeurant appliqué à des dépen- dants de catégorie plus humble, astreints à des services domestiques). Cette restriction sémantique s’observe également en Gaule. — Ensuite, un problème d'ordre rituel. La cérémonie de la recommandation, les mains dans les mains, a-trelle été introduite en Italie seulement par les Francs (cela semble pro- bable)? Y a-t-elle même jamais pénétré bien profondément {on l'a nié, peut- être à tort) ? Cette double question a été laissée de côté par M Leicht. — Enfin, le cœur même du sujet : observe-t-on, en Italie, après l’arrivée des Francs et aussitôt après elle, une généralisation et une systématisation des rapports de dépendance militaire, sous la forme vassalique ? M" Leicht montre très bien que tel a été le cas. Il relève avec finesse quelques-unes des causes et des manifestations de cette grande transformation : établissement en Italie de Frances déjà entrés dans les liens du vasselage ou tout près à y entrer ; ten- dance des Lombards à s'attacher aux grands seigneurs francs, puissants dans le pays ; effets des luttes politiques, chaque chef cherchant à grossir sa suite ; pratique de la sécularisation des terres ecclésiastiques ; etc. Rien de plus juste. Incontestablement, cette évolution sociale reproduisait, presque trait pour trait, celle de la Gaule elle-même. Influence, ou parallélisme ? La question se ramène, en somme, à une recherche de chronologie. Dans la Gaule du milieu du vire, les liens de dépendance étaient-ils mieux ordon- nés, plus clairement conçus et plus généralement répandus que dans le royaume lombard, à la même époque ? La comparaison est difficile. Il semble cependant qu’elle seule puisse donner la clef du problème inter- européen qui se trouve ici posé. — Marc BLocw.

(Rendiconti della R. Accademia nazionale dei Lincei. Classe di scienze morali, storiche e filologiche. Série V1, vol. III, fasc. 3-4, 1927, p. 291-807.)







4. Je ne vois pas comment Mr Leicht comprend le c. 41 de la Loi de Ratchis, et pour- quol il se sépare de Schufper (p. 204, n. 1); le patron et le gasindfus ne font évidemment qu'un, puisqu'il s'agit d'un homme qui est entré au service, précisément, d'un gasindius ou d'un autre idèle). �