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430 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

de science : on y peut voir, tout au plus, l’une des manifestations d’un état d'esprit qui n'est malheureuseruent pas nouveau, — mais que l'on aimerait autant, pour de multiples raisons, ne pas voir revivre. Aussi bien, rien, abso- Jument rien d’original dans ces 260 pages — pas même le cri de la fin (Deutsch- land ist das erste Land der Welt !) ; pas même les croquis en ombres chi- noises, triomphe d’une propagande sans subtilité et qui s’étalent avec com- plaisance de la première à la dernière page du livre. On peut se divertir cinq minutes à regarder, p. 218, le croquis impressionnant d'où résulte que de nombreux Français désirent voir l'Allemagne réduite à la Thuringe, avec Brunswick comme capitale, et Güttingue, Eisenach et Erfurt comme villes principales ; on peut même s’offrir à peu de frais un instant de douce gaieté, en constatant, p. 201, quel merveilleux accord les frontières politiques de France, vers 880 (les vraies |), réalisaient avec les couches géologiques, et com- ment ces frontières épousaient, précisément, les contours des terrains crétacés pour laisser sagement hors d'elles, et de France, les terrains jurassiques : au bout de fort peu de temps, on se sent pris d’une envie irrésistible non pas de s’indigner, mais de bäiller devant tant de pesantes calembredaines. L'ouvrage st un document, mais d'ordre psychologique.



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LE.

On trouvera dans le mémoire de Mr Wazrer Tazuser sur Dumoulin et la grosse question de l'intérêti, une analyse méthodique et d’allure presque scolastique des textes émanés du savant juriste. Qui veut comprendre la position de l’auteur du Tractetus commereiorum et usurarum doit, nous dit Mr Tacuber, se débarrasser d’abord d'un trio d'erreurs. Et il les compte sur ses doigts, afin que nul d’entre nous n’en ignore : première erreur, deuxième erreur, troisième erreur. Ne nous faisons pas complice de cette belle, de cette trop belle assurance ; et ne nous enfonçons pas, à la suite de Mr Taeuber, dans les mystères du « nominalisme » économique opposé au « métallisme », dans l'étude dogmatique de la communis opinio du moyen âge, cet être de raison plutôt effrayant, ou dans l'examen comparé des positions doctrinales de Dumoulin et d'Antoine Favre. Mr Taeuber se meut ave nee — et avec volupté — au milieu des mots les plus savants et des distinctions les plus subtiles d'un vocabulaire d'école assez rébarbatif. Et il tranche, sans hési ter. Tout cela est fort bien. Mais un historien préférera toujours aux discus- sions d'école et aux problèmes de dogmatique ces lumières modestes que donne la chronologie. C’est par Dumoulin, conclut Mr Taeuber, que la théorie moderne de l'intérêt a éte fondée (p. 86). Peut-être. Encore faudrait-il, j'imagine, ne pas négliger les conclusions de M° Henri Hauser, présentées d'abord dans un article des Mélanges Pirenne (1926, t. I, p. 211-224), puis reprises dans un volume récent sur Les débuts du Capitalisme (1927, p. 45-79). M° Taeuber ignore ces remarquables études, comme il ignore (ce qui est moins grave) l'existence du livre, déjà ancien cependant, de Marcel Le Goff : Du Moulin ct le prét à intérêt ; le légiste et son influence (Bordeaux, thèse de droit, 1905), — ou encore celle d’une notice utile sur Dumoulin au tome Ÿ de la






4. Molinaeus Getdschuldlehre, Téna, Fischer, 4028, in-89, vI-90 p. �