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HISTOIRE URBAINE 125

diques. La méthode ne peut donc pas être absolue, mais doit associer des points de vue divers ; cette union fait, à la fois, la difficulté et l'intérêt de travaux de cet ordre. Nous voudrions les voir se multiplier par l’utilisation des nombreux registres de réception des bourgeois que renferment, par exemple, les archives de plusieurs villes du Nord de la France.

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Concluons. Des travaux précédents, on le voit aisément, les uns sont de caractère synthétique, les autres de nature spéciale. Des premiers, seule l'étude de M. Pirenne répond à son titre et a vraiment une portée générale ; les deux autres, les travaux de MM. Lavedan et Ottokar, n’y correspondent pas et ne sont, en réalité, que des recherches particulières. Les publications de détail, en moyenne, sont bonnes et utiles, parfois même, pour les cata- logues d'actes, excellentes, et pour la question des origines, approfondies : à l'égard de celles-ci, elles sont d'autant plus fructueuses que, comme on a pu s'en rendre compte, elles paraissent bien apporter, en faveur de l'histoire générale, des preuves à l'appui d'affirmalions d'abord conjecturales sur l'apparition des villes : action de l’économie, rôle des marchands, formation des cités. Qu'il s'agisse de continuer ou de perfectionner, il semble que ce soit du côté des publications locales qu'il faille, de préférence, orienter les recher- ches urbaines : leur développement seul permettra d'établir définitivement les synthèses et, dès maintenant, il suffit de quelque esprit de généralisation pour les rendre vraiment intéressantes, leur donner réellement une valeur comparative. Mais nous nous permettrons d'attirer préalablement l'attention des érudits sur quelques questions de méthode. I1 paraît être au moins utile de commencer toute histoire d’une ville par un exposé géographique : situa- tion, formation, plan de la cité ; au besoin, mais du seul point de vue de la production, économie rurale de la région. On doit en outre, dans ce genre d'études, donner tous ses soins à la partie économique. Les auteurs, réguliè- rement, ne paraissent avoir ni la compréhension exacte ni les connaissances nécessaires pour la traiter avec toutes les dispositions voulues et toute la pénétration désirable : ils ne comprennent pas suffisamment son rôle et ils n'en saisissent pas complètement tous les détails : ils commettent même quel- quefois des fautes lourdes à son sujet. Ajoutons qu'en général ces recherches, el même les meilleures, paraissent trahir quelques insuffisances de lecture ; elles sont rédigées à titre trop exclusivement local. Le mouvement communal a été national, international même. Les rapprochements, l’histoire comparée, sans doute, ne sont pas une fin, mais un moyen ; néanmoins, ils éclairent, confirment et élargissent l'histoire el tel fait, telle institution d’une cité de l'Ouest ou du Midi, rapprochés d’un événement ou d’un organisme analogues d’un centre du Nord, voient leur valeur, leur signification sc préciser et leur portée s'accroître. Il ne doit exister en histoire de science du détail que dans la mesure où le détail peut servir à l'établissement de conclusions d'ensemble.








Gronces Espinas. (Paris.) �