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124 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

était un centre d'attraction ct le mouvement d'immigration urbaine de cette époque, prouvant la mobilité de la population médiévale, ne souffre pas de doute. Le texte des documents et une carte des lieux d’émigration terminent le travail.

Nous nous sommes étendu un peu longuement sur ce court mémoire, on raison de l'intérêt de principe qu'il offre, el aussi des difficultés de rédaction

vi ièces a été souvent malaisée, on n'est pas toujours renseigné sur les conditions requises pour être bourgeois et on l'est parfois insuffisamment sur les origines des émigrants. Un travail de cette nature peut paraître se réduire à peu près à la confection de fiches, tableaux et cartes : il est très loin d’en être ainsi. Nous félicitons d'autant plus M. Per- rin de s'être tiré heureusement de cette tâche malaisée que nous avons passé par les mêmes « épreuves » pour une ville flamande?. Nous ne ferons de réserves que sur deux points, l’un juridique, l'autre démographique. Tout d'abord, M. Perrin dit? qu'il n'y avait pas de manants — de résidents non- bourgeois, on le sait — dans certaines villes du Nord, pas plus qu'il n’en a existé à Metz, du moins dans la première période étudiée. Nous regrettons de continuer à être d'un avis opposé sur cette question. Ii se rencontrait certainement des manants dans la Flandre comme ils’en est trouvé dans l'Est pendant la seconde période considérée et, bien mieux, nous dirons qu'il ne pouvait guère ne pas en exister, certaines conditions étant posées : du mo- ment qu'une bourgeoisie ne se recrute pas que d’une façon interne au de- dans d'elle-même, ou ne se recrute pas que par des immigrants, comme à Metz, en 1239-1242, la population qu'on peut appeler urbaine se compose forcément de trois classes au moins, les bourgeois, les manants et les forains. En outre, il manque dans le travail la liste et, sur la carte, l'indication des localités ayant envoyé plus d’un émigrant : à cet égard, ce travail de statis- tique est nettement en défaut.

L'examen de la méthode employée pour rédiger ce mémoire montre que, en analogie avec le livre de M. Pirenne, une utilisation du droit et de l'écono- mie, une union des connaissances juridiques et économiques a été nécessaire. Le travail se compose, en effet, de deux parties : l'examen de la question du droit de bourgeoisie, problème plutôt juridique, l'étude de l'immigration des étrangers, recherche surtout sociale. 11 est donc indispensable, si l’on veut traiter parfaitement l'ensemble du sujet, de se placer successivement aux deux points de vue et de considérer chaque élément dans un esprit différent. Néanmoins, cet esprit, de part et d'autre, ne doit pas être exclusif : le droit de bourgeoisie, ses principes, ses modifications, ne se comprennent entièrement que si on connaît complètement aussi le milieu social dans lequel ils’est formé et a évolué : des raisons purement fiscales peuvent, en effet, intervenir pour le modifier, comme l'a remarqué M. Perrin®. L'émigration, de son côté, ne s'explique clairement que si on distingue bien les droits que viennent chercher les nouveaux bourgeois et dont ils veulent jouir, bien que certains, finale- ment, ne désirent plus les acquérir et restent manants : le voyageur part émigrant pour des raisons sociales et arrive immigrant pour des causes juri-






4. Voy. La vie urbaine de Douai, I, 1913. Annuaire, & X XX, pe 594, 584

P. 551, 565.