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122 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

forteresse originelle pour appeler au besoin, si le développement urbain l'exige ensuite, une seconde protection militaire par une nouvelle ligne de fortifications. La caractéristique de la Bretagne paraît résider bien plutôt dans le côté religieux, on raison du rôle absolument essentiel que le clergé régulier y joue à titre d’intermédiaire entre le pouvoir et les habitants. M. de la Rogerie aurait pu, peut-être, le faire ressortir davantage et aussi insister plus qu'il ne l’a fait sur les causes initiales du mouvement urbain, avant de décrire la fondation des villes, exposer les raisons premières de leur appa- rition.

Enfin, nous devons à M. Peru, que nous avons déjà loué pour son cata- logue des chartes de franchises de la Lorraine, deux autres travaux un peu spéciaux. Le premier, qui se relie d’ailleurs en principe au précédent, concerne la bourgeoisie dauphinoise d'après les chartes de franchises?. Celles-ci sont concédées par le seigneur aux habitants du burgus fortifié, dénommés par suite burgenses. La plus ancienne est de 1164 ; toutes se ressemblent beau- coup d’ailleurs, mais s’il y a imitation, il n’y a pas filiation, interprétation, appel d'une charte à l'autre. En général, elles ont comme origine une vente faîte par le seigneur dans un but pécuniaire aux bourgeois qui, dans un intés économique, désirent être protégés ; les seigneurs ecclésiastiques, en parti- culier, sont extrêmement réfrac à des affranchissements. Les chartes ont un caractère territorial, s'appliquant à la ville et à son « mandement », la banlieue. Leur fin générale est la substitution du droit fixe à la coutume arbitraire. Certains privilèges sont, en fait, communs à l'ensemble des loca- dités : concessions juridiques, militaires, financières et économiques. Les pri vilèges politiques, au contraire, varient suivant le degré d'autonomie de la communauté. Le fait capital est la vente à cette dernière, par le seigneur, de services publics tels que les fortifications, avec les profits et les charges qu'ils entraînent, perception des impôts et choix des agents. À cette autonomie se rattache l'institution des consuls élus par la ville, la représentant, mais tenant du seigneur leur investiture. Aucune commune n'est d’ailleurs absolument libre et même, après une véritable révolution contre le srigneur, un compromis finit par s'établir entre les deux pouvoirs. Le mouvement communal est parti des localités importantes et finalement, grâce à ces chartes de franchi- ses, les burgenses sont venus s’'intercaler entre les chevaliers el les paysans. — Cet exposé, rédigé, bien entendu, d'un point de vue purement juridique, et non social, d'après les seules chartes de franchises, est Lrès plein, très bien composé et des plus intéressants : il n'y a simplement qu'à en féliciter l'auteur, d'autant plus qu'il a établi ce mémoire très condensé sur un terrain à peu près vierge : souhaitons que cette exploration scientifique s’étende peu à peu aux régions encore inexplorées de la France. On remarquera que, dans ces loca- lités secondaires d’une région montagneuse peu développée économiquement, l'impulsion d’affranchissement peut être due à des raisons commerciales, mais non à une colonisation marchande. On notera, une fois de plus, l’oppo- sition de l'Église.

L'autre sujet traité par M. Perrin concerne ce que l’on peut appeler la














1. Annales de l'Université de Grenable, Nouv. série, If, Grenoble, imp. Aller, 1925, m-80, 06 p. �