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118 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

nistration de la cité : le souci des intérêts généraux de la communauté et Vesprit de loyauté et de justice qui les animaient, permirent en effet à la ville d'acquérir une prospérité remarquable»!

Dans la vie économique, notons «un émiettement de la propriété, com- parable au morcellement actuel». La base de l'économie était l'élevage, qui avait une grande importance el entrainait la transhumance de la Crau aux Alpes ; les sous-produits, laine et cuir, étaient traités sur place ou exportés. A la fabrication du drap se rattachait un monopole assez curieux, celui de la matière tinctoriale, la cochenille, appartenant aux archevêques. On sait que ces derniers, par une série de mesures, s'intéressèrent réellement à Pen semble de l'état économique.

L'histoire de Salon conduit à deux conclusions essentielles : dans sa for- mation, la ville est sortie d’un castrum militaire d'origine scigneuriale et d’une ville économique de provenance privée ; dans son fonctionnemer cette seigneurie ecclésiastique est gouvernée par une autorité religieuse, qui la dirige avec bienveillance, la suit avec intérêt, mais la domine dans un esprit entièrement anti-communal?. Ces deux faits n'ont rien d'original par eux-mêmes ; il n'en est que plus intéressant de les signaler dans le Midi.

L'ouvrage de M. Brun est, dans l'ensemble, un bon travail, le sujet bien compris et clairement traité. On souhaiterait simplement un peu plus de fermeté dans l'exposé, parfois assez lâche. Deux réserves doivent cependant être faites, concernant, l’une la géographie, l'autre l'écenomie. La formation de la ville est exposée presque en deux fois® et finalement d'une fagon insuffisante ; pas de plan. D'autre part, le travail débute par une partie écono- mique, «les institutions d’un centre agricole s'inspirant directement de V'état des cultures et de la nature même du sols. Nous ne pourrions que nous incliner devant cet hommage rendu à l'économie, si M. Brun s'était borné, en effet, à décrire exclusivement le sol eL les cultures, bref, s'il n'avait exposé que l'élément réel, technique des choses ou, si l'on préfère, s'il n'avait donné que la géographie économique. Mais, dans la partie réelle, il a examiné aussi l'industrie et le commerce ; bien plus il y a traité également du mode d'exploitation juridique du domaine ; à litre social encore, il a parlé des corporations et de l'apprentissage et enfin, du point de vue politico-finan- ir, il a exposé les encouragements du seigneur à l'étal économique : en un mot, il a décrit tout ce qui est d'ordre personnel. Ce système est absolument illogique : en prineipe, le côté économique personnel ne saurait être une eause de la ville, il en est, tout au contraire, une résullante, puisque, sans elle, il n'existerait pas ; en fait, ce plan nous conduit à celle conséquence sin- gulière que nous entendons parler de Salon et de son seigneur, saus, qu'en réalité, nous sachions même s'il y a une ville ct un archevêque. L'exploita- tion économique s'est-elle créée toute seule ? Cest une véritable pétition de principe et l'exposé des institutions économiques devait être placé après V'histoire de la ville ct de l'autorité ecclésiastique, dont ces institutions pro- cèdent. — Notons encore, dans le même ordre d'idées, une appréciation de nature sociale : « Nous n'avons rencontré à Salon, dit M. Brun, aucune traco


















LP, 270. 2: Cf. plus loin pour le Dauphiné. 3. D. 19 et 78.

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