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114 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

tale:, en analogie avec celles de la Flandre, ont eu une origine nettement économique et une formation relativement pacifique, du moins si on les com- pare, de ce second point de vue, aux villes picardes

M. Bourrilly nous expose d’abord les origines générales de la commune de Marseille depuis lan mil environ : prospérité économique, d'ordre surtout maritime, bien entendu, — «le xi° siècle a été marqué dans la région par un prodigieux bouillonnement d'énergie et d'idées »®), — qui ranime des élé ments de vie collective ; formation d'une population de « prudhommes, bour- geois, marchands, mercatores, changeurs», et aussi de gens de métiers, patrons et ouvriers, d'esprit mobile ; par suite, désir des individus d'obtenir, dans Vordre politique comme dans l’ordre social, des garanties js de pouv féodaux locaux en décadence. L'auteur ensuite, au cours du xne siècle, étudie et, au besoin, discute les premières mentions d'organisation constitutionnelle {les consuls apparaissent en 1178). Cette organisation est encore «rudimen- taire» au début du siècle suivant. Les 200 pages qui suivent et forment le fond du volume, donnent l'exposé chronologique de l'état intérieur de la ville pendant une période d’un demi-siècle environ. On a là l'histoire politico- constitutionnelle de la cité : exposé de ses régimes successifs, — ils furent nombreux — qui, tantôt eurent des origines sociales assez mal définies, tantôt résultèrent de causes politiques déterminées, même étrangères; en outre, récit des rapports toujours variés, parfois difficiles, avec les divers pouvoirs locaux ou extérieurs, ecclésiastiques ou laïques, quelquefois co-adversaires de la cité ou ennemis entre eux : villes voisines, abbaye marseillaise de Saint-Victor, vicomtes et évêques de Marseille, comtes de Provence {Charles d'Anjou en particulier), comtes de Toulouse. En somme, l'ascension politique se poursuit jusqu'en 1240, année où, tout à la fois, les Marseillais achèvent intérieurement d'acquérir la vicomté et, pour échapper, à l'extérieur, à la suzeraineté du comte de Provence, se donnent celle du comte de Toulouse, Cette alliance les jette dans des conflits incessants jusqu'au jour où Charles d'Anjou, après de véritables luttes avec la commune, suivies de répressions, finira par mettre la main sur elle et lui enlever son indépendance.

De la constitution, signalons simplement, en 1212, la fondation d’une confrérie dite du Saint-Esprit. Créée sans doute sous les auspices de l'Église et, en particulier du Légat, établie, en principe, en vue de la lutte contre T'hérésie albigeoise, elle fut, en réalité, une sorte d'association de paix; elle comprenait tous les citoyens de Marseille qui acceptaient d'y entrer par serment et de payer une cotisation ; elle eut ses chefs, ses recteurs élus, son budget. Elle ne tarde pas à diriger efficacement la cité ; mais elle disparait en 1220. Au milieu du xt siècle, existe un Conseil urbain : il est formé de deux éléments : les conseillers ordinaires, non seulement bourgeois et marchands, mais chevaliers, élus annuellement suivant un système de coopta- tion assez compliqué, dans lequel figurent les chefs de métiers ; puis, les chefs de métiers eux-mêmes, nommés par les membres et les prudhommes des métiers : c'est ici un élément tout à fait particulier à Marseille et en qui s'incar-









1. Les villes, p. 83-84, 104, 126, 145, 155-456, 179, 195. 2.5.

9: Voy- le chap. I, pe 46.

4: Voy. le chap. V1, p. 180. �