Page:Annales d’histoire économique et sociale - Tome 1 - 1929.djvu/115

Cette page n’a pas encore été corrigée

HISTOIRE URBAINE 109

pauvre que Poitiers, « bien qu'ayant conservé — ainsi que Niort — la série presque ininterrompue de ses chartes municipales», ne présente guère plus de trois dizaines d'actes. Dans l'Est, il n'existe que de simples villages ou de très petites villes, mais il y en a une profusion ; chaque localité n'offre qu'un nombre très restreint de pièces : suivant un usage fréquent, la plupart regoi- vent une unique charte de franchises et vivent sur elle. Dans l'Ouest, il y a une quantité extrêmement limitée de localités, dont la moitié sont, en prin- cipe, relativement importantes ; mais, les plus considérables même ne sont pas très prolifiques et l'ensemble de la région ne regagne pas en valeur ce qu'elle perd en quantité par rapport à la précédente. Cette différence tient- elle à des raisons juridiques ou économiques ? Les historiens du Poitou, d'après Miie Dillay !, prétendent que les libertés restreintes dont les bour- geois se contentaient s'expliquent par le bien-être dont ils jouissaient : les franchises existaient, en fait, à l’état latent. Dans l'Est, pour lequel M. Perrin ne donne aucune explication, l’activité économique ne semble pas être plus développée qu’à l'Occident ; peut-être la vie matérielle était-elle plus dure, les rapports avec Je seigneur plus malaisés : c'était un pays d'invasions. D'une part, l'arbitraire n'existait pas ; de l’autre, on le redoutait, tout au moins. Ou encore l'individualisme celtique de l'Ouest, l'esprit d’association germa- nique de l'Est agissaient-ils en sens contraires ? D'un côté, les habitants ne tenaient pas à des garanties, de l’autre ils en voulaient. En tout cas, quel que soit le motif de cette différence entre les deux contrées, à l'égard de la vie urbaine, le Sud-Ouest est l’une des parties mortes de la France, le Nord-Est une des parties vivantes. La différence, l'opposition même sont certaines, il importait de le signaler.

Comme recueil de textes, signalons un des derniers volumes de la Société des Archives historiques du Poitou ?. I] concerne « la commune et la ville de Poitiers de 1063 à 1327», jusqu'à la fin des Capétiens : introduction de 75 pages par M. Borssonnapr, recueil de textes par M. Auourn. Poitiers, ancienne ville romaine, au xi° siècle est une villa féodale, tout entière soumise à l'autorité, à la juridiction des comtes-ducs du Poitou, directement dans la

ité, civitas, dont ils sont les souverains, indirectement dans les bourgs, burgé, ecclésiastiques et laïques, dont ils ne sont, en général, que les suzerains. Au xu siècle, ils font entoure toute l'agglomération d’une nouvelle enceinte. I n'y a pas d'unité dans la ville, qui n’est qu'une « mosaïque de fiefs 3, dont le seul lien consiste dans la suzeraineté comtale». Mais, à partir de la fin du x siècle, Poitiers triple d'importance et d'étendue, renferme des exploitations industrielles et, très favorablement placée, devient, avec des foires importantes, un grand marché d'échanges terrestres, fluviaux et mari- times, dès 1082 4, apparaissent des «cursores vendentes ct ementes», des marchands ambulants domiciliés À Poitiers et des mercatores de passage. Les premiers, du moins, formeront peu à peu une véritable classe sociale, dont, une centaine d'années plus tard, certains représentants fonderont des halles






4. Introduction, p. xtx.

2! Recueil de documents concernant La commune el la ville de Poitiers, t. 1, de 1063 à 1327, Poitiers, Imp, moderne, 192, In$°, zaxxvur388 D, (Arch, hisior. du Poitou XLIV.

8 Pxxv.

APE xxxIv à pl. XL