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102 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE


eussions économiques qui seront signalées plus loin. Modifications dans les cultures : recul de la betterave devant le blé et devant l'élevage (la betterave exige une abondante main-d'œuvre ; d'autres causes agissent également dans le même sens ; en particulier la disparition des petites sucreries, rompant les rapports personnels entre Je cultivateur et l’usinier, semble avoir contribué à détourner le paysan d’une production devenue d'un placement délicat). Modifications dans les industries fondées sur l'agriculture: crise de la brasse- surtout crise de consommation, l'usage du vin s'étant beaucoup répandu ; crise de la distillerie ; concentration de la sucrerie, et dans l'ensemble, dimi- nution de la production sucrière. Deux observations s'imposent : 19 ces trans- formations, si profondes soient-elles, s’annonçaient presque Loutes avant guvrre ; la grande secousse les a précipitées, plutôt qu’elle n'a créé du nou- veau; 29 d'autres transformations, qu'on eût pu prévoir, qu'on a quelquefois essayé de provoquer, se sont heurtées à des habitudes de vie trop enracinées et n'ont eu qu'un faible développement : M. Alexandre note que le « rememn- bremenl» a échoué à peu près partout — il en explique fort pertinemment les raisons — sauf toutefois dans le Santerre {pourquoi cette exception ? Il eût été intéressant de se le demander)?

En terminant, je voudrais chercher une chicane à M. Alexandre. 11 se laisse aller à écrire (p. 50) : « Par tempérament, le Picard, et, par caractère, le paysan sont individualistes.» Quand en aurons-nous fini avec celte psycho logie simpliste, qui n'use de mots trop gros que pour s'épargner les analyses précises ? Je ne sais pas très bien, au fond, ce qu'est l'individualisme, ou plutôt je sais que ce terme comporte des sens multiples et très différents ; comment l'appliquer, brutalement, sans définition el sans nuances, à un des pays qui ont vu se maintenir le plus longtemps les servitudes agrairos collec tives, bien mieux au pays classique du « mauvais gré» ?








MB.

Le régime agraire de l'Europe orientale — y compris l'Allemagne au delà de l'Elbe — était caractérisé, avant la dernière guerre, par l'importance, sou vent la prépondérance, de la grande propriété; celle-ci, par surcroît, avait conservé, dans beaucoup de pays, une allure nettement scigneuriale. Les bou- leversements politiques et sociaux, nés de la guerre même ou de ses suites ont amené, à peu près partout, les gouvernements à entreprendre, bon gré mal gré et avec, selon les États, plus où moins d’énergie ou même de sérieux, une stribution des terres. M. Anruur Waurens s'est proposé d'analyser ces diverses réformes et leurs résultats, — ceux du moins qu'il est possible de dégager dès aujourd'hui?. On trouvera quelque commodité à avoir ainsi

si rassemblées, en un seul volume, et très clairement résumées, les dispositions




4. 11 faut étre reconnaissant à M. Alexandre de savoir, et de dire, que le « morcelle- ment + est un phénomène très ancien. Mais il à Lort d'écrire que, « depuis un siècle, Il est devenu un péril (voyez les économistes du xwiut siècle 1, 11 fait allusion à l'action 6tass quement attribuée au Code civil. C'est se contenter d'une explication un peu rapide. Dans J'ancienue 'rance, le seul obstacle aux partages résiqait non danx le droit successoral {est-il besoin &e rappeler que les teaures roturières isnoraient Le droit d'ainesse, et que la Hberté Lestatnentaire était fort limitée ?), mais dans la pratique des comaunautés famitlates.

2. La réforme agraire en Europe, Bruxelles, L'Eglantine (Etudrs politiques el sottales, X 4928, in-A2, 295 D.