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f. buisson

Et si l’on ajoute que l’enseignement secondaire des deux sexes est animé du même esprit, que les services religieux n’en font plus partie, puisqu’ils ont, même dans les internats, un caractère strictement privé et familial, c’est bien un système complet d’éducation non confessionnelle que la République a institué.

Ce système de laïcité intégrale a eu son couronnement dans les deux lois de 1904 et de 1905 : l’une, qui supprima les congrégations enseignantes : l’autre, qui établit la séparation des Églises et de l’État.

Ainsi s’est constitué de toutes pièces en France un système d’éducation qui mérite bien de s’appeler national, il est l’œuvre exclusive de la nation, il est fait à son image, il affirme sa souveraineté en même temps qu’il la limite : les pouvoirs de la nation finissent où commencent ceux de la conscience.

Mais précisément avec ce régime nouveau, de nouvelles questions se posent. Et des difficultés imprévues vont naître du triomphe même de la méthode laïque, libérale et républicaine.


IV


Ceux qui avaient cru que l’Église catholique dépouillée de son prestige officiel perdrait le meilleur de sa puissance se sont trompés. Ils avaient oublié d’abord la merveilleuse facilité d’appropriation dont elle a fait preuve à travers l’histoire, ensuite et surtout les ressources nouvelles qui lui viendraient infailliblement du régime de liberté devenu le droit commun.

Il était inévitable, en effet, que la démocratie en s’affirmant suscitât des formes multiples d’opposition : ici la protestation théorique au nom du principe d’autorité, là la résistance tenace des intérêts lésés ou menacés, des privilèges sacrifiés au rêve égalitaire, ailleurs le murmure des inquiétudes sincères ou non, des doutes, des craintes en présence de ce déploiement effréné des droits de l’homme et des droits du peuple que tant de siècles s’étaient appliqués à restreindre par une savante disci-