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f. buisson

Cette imputation sur les deniers publics est autre chose que les libéralités de monarques ou de classes dirigeantes. Elle souligne un fait nouveau : la conscience que prend le pays d’un devoir national quant à l’instruction publique.

C’est par l’enseignement populaire que la République, comme il était naturel, a commencé. À peine la libération du territoire achevée, elle abordait courageusement l’énorme effort financier que nécessitait la construction des maisons d’école ajournée de génération en génération. En moins de dix ans plus d’un demi-milliard de francs — votés, il faut s’en souvenir, à l’unanimité des Chambres françaises — transforma notre outillage scolaire. C’était plus encore la situation morale de l’école que sa condition matérielle que l’on changeait en mettant, comme on disait alors, l’école dans ses meubles, gage d’installation définitive. Les partis de réaction ne tardèrent pas à s’en émouvoir : ils menèrent une campagne bruyante contre les « palais scolaires. » Cette ineptie est tombée toute seule.

Mais le devoir national n’est pas seulement une dette budgétaire : il a en même temps une expression législative. La République rendait l’école publique gratuite dès 1881 ; dès 1882 elle proclamait l’instruction primaire obligatoire.

Entre beaucoup de préventions contre la politique scolaire des démocraties, une des plus courantes est de leur attribuer une prédilection pour l’enseignement populaire qui n’irait pas sans une certaine indifférence pour l’instruction des enfants des familles riches. Quel démenti donne à cette allégation l’histoire de la démocratie française ! Nul régime n’a fait plus, n’a fait autant pour l’enseignement secondaire ; la part des lycées et des collèges n’a pas été, en proportion, moins généreusement mesurée que celle des écoles primaires. Et, là précisément, la République a ouvert avec autant de bonheur que de hardiesse un chapitre nouveau. C’est elle qui a créé l’enseignement secondaire des jeunes filles, dont le moins qu’on puisse dire est que le pays lui a fait un accueil dépassant toutes les espérances.

Et quant à l’enseignement supérieur, il suffit de prononcer ce nom nouveau : les « Universités françaises », pour démontrer que le régime démocratique est, de tous, celui qui a su le