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au palais impérial… Mais qui nous répondra que Dgenguiz nous renverra Tschongaï ?

HOLKAR. Je resterai, si vous le voulez, en otage ?

MARCO. Allez, madame, et que la pitié ne vous fasse pas oublier vos devoirs et d’épouse et d’impératrice :

ELMAÏ, à part. Et ne pouvoir rien pour le sauver !

ONLO. Jusqu’à ce que la décision du sublime conseil soit connue, Marco sera enfermé dans la tour.

IDAMÉ. Ô mon Dieu !

ONLO. Holkar, vous attendrez ici la réponse du conseil… Vous, madame.

IDAMÉ. Moi, je reste pour prier.

ELMAÏ, regardant Marco. Oui, prie Dieu, ma fille ! car Dieu seul peut le sauver maintenant.

On emmène Marco vers la gauche ; Elmaï, Onlo, le peuple sortent par la droite ; Holkar reste au fond de la scène. Idamé est seule à l’avant-scène.

Scène IX.

IDAMÉ, HOLKAR, au fond.

IDAMÉ. Ma mère a raison… l’impératrice elle-même n’osera pas défendre Marco devant le conseil ; car ne pas livrer l’étranger, c’est perdre l’empereur ! Pauvre Marco ! j’ose à peine, à présent, faire des vœux pour toi !… ces vœux seraient un crime… Mon Dieu ! n’est-il donc aucun moyen de sauver, en même temps, et mon père et celui que j’aime ! Car ce n’est pas seulement la reconnaissance qui remplit mon cœur, c’est l’amour !… et cet amour exclusif qui l’emporte sur tous les autres sentimens ! Si Marco doit mourir, je ne puis plus vivre !.… Mon Dieu ! je crois que tu as eu pitié de moi, car tu m’as envoyé une noble et grande pensée ! Oh ! merci ! merci, mon Dieu ! Marco ! mon père ! je vous sauverai tous les deux ! (Elle appelle.) Holkar !.. Holkar !.. (Holkar approche.) La personne de Marco est-elle donc la proie que Dgenguiz-Kan désire le plus ardemment ? Crois-tu qu’Idamé ne serait pas pour lui une rançon plus riche et plus précieuse encore ?

HOLKAR. Idamé ?

IDAMÉ. Le sang de la fille rachètera plus sûrement le sang du père : Oh ! n’est-ce pas ? n’est-ce pas que Dgenguiz consentira à l’échange ?

HOLKAR. Je le crois.

IDAMÉ. Eh bien ! je te suivrai !.… Ma pauvre mère ! vous pleurerez votre fille ! mais vous ne la maudirez pas, car elle aura fait son devoir.

HOLKAR. Mais comment sortir de la ville ?

IDAMÉ. J’en sais le moyen… Un passage secret conduit de la pagode au pied du rempart… les soldats qui gardent la porte du Nord te laisseront sortir, car ils n’ont pas reçu d’ordres contraires… Cachée sous le manteau d’un de tes guerriers, je ne serai pas reconnue… Pour assurer notre fuite, il faut fermer l’entrée de la pagode… le temps qu’on emploiera à briser cette porte nous suffira pour être hors de toutes poursuites… Adieu, ma mère… vous aurez mon père et Marco pour essuyer vos larmes !… et toi, qui m’as prouvé ton amour en me sacrifiant ta vie, tu sauras qu’Idamé avait pour toi même amour, puisqu’elle t’a fait le même sacrifice ! Partons ! Holkar !.. partons !

HOLKAR. Guidez-nous, madame !.… les portes de la pagode sont toutes fermées et barricadées.

IDAMÉ. C’est bien… venez !

Elle sort avec Holkar et les Mongols.


FIN DU PREMIER TABLEAU.




Deuxième Tableau.
Le théâtre représente une place et la rue principale de Péking ; à droite et à gauche, des canaux sur lesquels sont jetés des ponts de formes bizarres ; au deuxième et troisième plan, la façade de la grande pagode.

Scène Première.

LANDRY, PÉKI, Marchands, Soldats,
Peuple.
Au lever du rideau, la place, la rue, les canaux, les fenêtres des maisons sont garnies de monde ; de tous côtés arrivent des jonques, des chars chargés d’armes ou de soldats ; des canons grossiers sont traînés par le pont qui est jeté sur le canal, en préparatifs de défense. Le tableau doit être fort animé ; des soldats traversent la foule comme pour courir aux murailles.


UN GUERRIER. Courage, mes amis, il faut faire de notre ville de Péking un enfer anticipé pour le Mongol ; s’il y entre jamais, il y trouvera la mort à chaque pas.… placez ces pièces d’artillerie sur les degrés de la pagode… Quand les murailles nous manqueront, nous pourrons soutenir un siége ici.

On voit arriver, par une des rues latérales, Landry et Péki.

PÉKI. Arrêtons, Tsi-Tsing, je suis morte de fatigue !

UN SOLDAT. L’ami, viens-tu de la campagne ?