Page:Anicet Dgenguiz Kan ou La conquete de la Chine.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

camp remplaceront les rayons du jour. Regarde.

On ouvre les rideaux de la tente, et on aperçoit alors un site pittoresque, au milieu duquel est assis le camp de Dgenguiz-Kan. La lune, qui brille dans le ciel, éclaire moins la plaine que les mille feux allumés, et qui, s’étendant à l’horizon, donnent une idée de la surface du terrain occupée par les troupes de Dgenguiz-Kan.

DGENGUIZ-KAN. C’est bien… Que l’élite de mes guerriers se mette sous les armes. (Un officier sort.) Les femmes mongoles qui, par amour pour leurs maris, ont voulu les suivre et combattre avec eux, formeront la garde particulière de la princesse.

YELU. Elles ont devancé ton désir, car toutes, en apprenant l’approche de leur future souveraine, se sont élancées sur leurs chevaux pour servir d’escorte à la princesse. (Bruit, acclamations, grand mouvement.) Ce bruit annonce que la fille de Tschongaï a franchi la dernière enceinte du camp.

DGENGUIZ-KAN, à Yelu. Qui de nous eût osé croire, il y a dix ans, que Dgenguiz-Kan, chef d’une horde de barbares, serait un jour le maitre du plus puissant empire du monde, l’époux de la fille bien-aimée de l’orgueilleux Tschongaï ?

YELU. Prends garde de lasser la fortune.

Les acclamations se rapprochent.

UN OFFICIER. Voici la princesse.

Dgenguiz-Kan monte sur son trône ; les degrés qui y conduisent sont occupés par Yelu et les autres officiers. Arrive alors le cortége d’Idamé, qui diffère du cortége d’Elmaï, du premier acte, en ce qu’il est tout-à-fait militaire et d’un aspect presque barbare. Précédée et suivie des soldats de Dgenguis-Kan portant chacun une torche enflammée, Idamé paraît entourée d’une troupe de cavalerie composée de femmes mongoles armées et vêtues en amazones. Marco, seul dans le cortége, n’a pas un costume complètement guerrier. Le cortége s’arrête lorsque Idamé est arrivée devant le trône de Dgenguiz-Kan, qui se lève alors.

Scène II.

DGENGUIZ-KAN, IDAMÉ, MARCO,
YELU, HOLKAR, Officiers, Amazones,
Soldats mongols.

DGENGUIZ-KAN. Noble fille de Tschongaï, ta présence dons mon camp va faire succéder le bruit des fêtes à l’horreur des combats… Ta présence, c’est la paix pour l’empire de Tschongaï, c’est le bonheur pour Dgenguiz-Kan.

IDAMÉ. Seigneur, choisie entre mes sœurs pour mettre un terme à une déplorable guerre, j’ai obéi à la voix du sort qui m’avait désignée. J’ai suivi sans murmurer l’étranger qui en ton nom m’était venu chercher, certaine que Dgenguiz-Kan était digne de sa puissance et de sa gloire.

DGENGUIZ-KAN. Qu’elle est belle ! (Il descend de son trône.) Idamé, ta place est désormais là, près de moi. (Il montre son trône. À Marco.) Et toi qui as si bien rempli la mission que je l’avais confiée… je te jure de ne mettre pas de bornes à ma reconnaissance… (Marco s’incline.) Yelu, donne à mes sujets le signal qu’ils attendent. Idamé, ces ennemis hier encore si redoutables pour toi, ne sont plus aujourd’hui que des esclaves impatiens de te prouver leur joie et leur amour. (Dgenguiz-Kan remonte sur son trône et fait placer Idamé près de lui. Alors la fête commence, fête guerrière qui ne doit ressembler nullement à la fête du premier acte, qui a été toute gracieuse. Les soldats de Dgenguiz-Kan commencent par des jeux et des danses ; puis les amazones terminent par une sorte de carrousel. Elles courent à cheval, et luttent de force, de grâce ou d’adresse. La fête se termine par un groupe général auquel les flambeaux allumés doivent donner un aspect sauvage et brillant tout à la fois. À ce moment, Yelu, qui avait quitte la tente, reparait suivi de prêtres portant un trépied, et de deux guerriers portant une riche couronne ; alors Dgenguiz-Kan se lève, descend prendre la couronne des mains des guerriers, et remonte la poser sur la tête d’Idamé.) Idamé, la plus belle des couronnes devait appartenir à la plus belle des femmes.

MARCO, à part. D’où vient donc que mon cœur se serre… et que je souffre du bonheur de Dgenguiz-Kan ?

À peine la couronne est-elle posée sur la tête d’Idamé qu’un tumulte effroyable se fait entendre, et Holkar entre en courant.

Scène III.

Les Mêmes, HOLKAR

HOLKAR. Trahison ! trahison !

DGENGUIZ-KAN. Que dis-tu ?

HOLKAR. Seigneur, on t’avait tendu un exécrable piége.… Cet hymen n’était qu’une ruse pour arrêter ta marche et donner à Tschongaï le temps d’appeler à lui les troupes qui gardaient le midi de son empire.

DGENGUIZ-KAN. C’est impossible.

HOLKAR. Ton avant-garde a été surprise, massacrée en violation de la trêve qui avait été jurée. Nous sommes cernés nous-mêmes ; de toutes parts arrivent d’innombrables ennemis. Tschongaï est en vue de notre camp ; et Hiaotsong, suivi de