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ELMAÏ. Tu es brave ?

LANDRY. Quand il le faut.

ELMAÏ. Quelle récompense demandes-tu ?

LANDRY. Aucune. Je reverrai le seigneur Marco, (à part) et je ne verrai pas le bonheur de ce vieux Papouf.

ELMAÏ. Pars, et prends cet or ; il t’abrégera la route.

PÉKI. Adieu, Tsi-Tsing.

PAPOUF. Bon voyage, mon garçon.

LANDRY. Bonne nuit, seigneur Papouf.

Il sort.

ONLO. Il faut retourner sur vos pas, Madame.

PAPOUF, à part. Je la voudrais voir loin d’ici… je sèche sur pied.

PÉKI, au fond. Ah ! que de monde ! que de seigneurs, de mandarins !

PAPOUF. Encore !

ONLO. C’est l’empereur.

PAPOUF. L’empereur !… Allons, je ne me coucherai pas cette nuit.


Scène XIV.

Les Mêmes, L’EMPEREUR,
Mandarins, Gardes.

L’EMPEREUR. Vous ici, madame ?

ELMAÏ. Oui, seigneur… et la fatalité, cruelle ainsi que vous, n’a pas permis que je sauvasse mon enfant.

L’EMPEREUR. Rassurez-vous : moi qui vous ai ravi votre Idamé, je la remettrai dans vos bras.

ELMAÏ. Serait-il vrai ?

L’EMPEREUR. Déjà un des corps d’armée de Dgenguiz est tombé écrasé sous le nombre. Dgenguiz lui-même, entouré, surpris par mes troupes, ne peut échapper à une horrible défaite. Alors, quand il dépendra de moi de l’anéantir, je lui offrirai un passage pour sa retraite en échange de ma fille. Pensez-vous qu’il refuse ?

ELMAÏ. Dgenguiz est brave, déterminé.

L’EMPEREUR. Il s’est cru invincible, les revers le trouveront sans force et sans énergie. Je marche contre lui non seulement avec une armée, mais avec tout un peuple, qui, à l’ordre de son empereur, a saisi ses armes pour repousser l’étranger. Hiaotsong, faites distribuer aux habitans du village les lances, les flèches qui restent encore. Vous, Elmaï, retournez à Péking ; je vous charge de la défense de cette capitale.

ELMAÏ. Ah ! que ne me laissez vous combattre à vos côtés ! mieux qu’aucun de vos officiers, je guiderais vos soldats jusqu’à la tente de Dgenguiz, car c’est là que doit être ma fille.

L’EMPEREUR. Tout commande votre présence à Péking ; Onlo vous accompagnera.

PAPOUF. J’espère qu’ils vont s’en aller.

HIAOTSONG. Allons, seigneur Papouf, il faut donner l’exemple à vos paysans… prenez cette lance et marchez à leur tête.

PAPOUF. Moi !.…

HIAOTSONG. L’empereur le veut.

PAPOUF. Allons ! il était écrit là-haut que ma femme resterait fille.

L’EMPEREUR. Partons. Avant les premiers rayons du jour nous aurons détruit la puissance de Dgenguiz ; demain, si le ciel nous seconde, nous sauverons ma fille et l’empire.

Tableau de départ.


FIN DU PREMIER TABLEAU.




Deuxième Tableau.
Le théâtre représente la tente de Dgenguiz-Kan, que des soldats parent d’étendards et d’insignes guerriers. À droite du spectateur, une partie intérieure de la tente, à laquelle on arrive par une portière ; à gauche, un trône riche et bizarre. Au fond, de larges rideaux fermés.

Scène Première.

DGENGUIZ-KAN, YELU, Officiers,
Soldats mongols.
À peine les soldats ont-ils rangé devant la tente que Dgenguiz-Kan sort de la partie intérieure suivi de Yelu et d’officiers.


DGENGUIZ-KAN. Je te l’ai dit, Yelu, je crois cette fois en la sincérité de Tschongaï, si sa fille est jeune et belle.

UN OFFICIER, arrivant du dehors. Seigneur, un cavalier envoyé par Holkar, et courant à toute bride, vient d’annoncer l’arrivée de la princesse Idamé.

DGENGUIZ-KAN. Elle vient, Yelu, la guerre est finie… car j’offrirai à Tschongaï une paix honorable. As-tu donné les ordres nécessaires pour que la réception de la princesse soit digne de la fille de l’empereur et de la fiancée de Dgenguiz-Kan ?

YELU. Oui, seigneur ; connaissant ton impatience, j’ai pensé que tu ne voudrais pas attendre le lever du soleil pour donner à ta fiancée une fête qui lui prouvera tout à la fois ton amour et ta puissance. Des feux allumés dans toute l’enceinte de ton