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avant de mourir ; pour réparer une erreur fatale, pour réaliser une promesse solennelle faite à un mourant… Je ne puis ni ne dois, Carmen, t’en dire davantage ; sache seulement que ton père a compté sur toi pour accomplir un devoir sacré, et qu’il est certain de ton obéissance.

CARMEN.

Que faut-il donc faire, mon père ?

LE DUC.

Il faut, chère enfant, consentir à être comtesse de Chamery.

CARMEN.

Épouser le comte ? Mais je ne l’aime point, mon père !

LE DUC.

Écoute-moi bien, mon enfant. S’il s’agissait de me sauver la vie en contractant cette union, hésiterais-tu ?

CARMEN.

Oh ! vous savez bien que, pour vous, je donnerais tout mon sang.

LE DUC.

Eh bien, ma chère fille, c’est plus que ma vie que tu vas racheter, c’est mon honneur de gentilhomme : j’ai donné ma parole, et celui qui l’a reçue ne peut plus m’en dégager. Entre nous, à présent, il y a le marbre d’une tombe.

CARMEN, pleurant.

Oh ! mon père, mon père, vous me demandez mon malheur !

LE DUC, avec douceur.

Ton malheur ! pourquoi ? Ton cœur est libre. Le comte est jeune, riche, noble ! il t’aime et tu l’aimeras aussi, quand tu le connaîtras davantage.

CARMEN.

L’aimer, moi !


Scène IV

Les Mêmes, ROCAMBOLE.
LE VALET, entrant.

M. le comte de Chamery sollicite l’honneur d’être reçu par M. le duc.

CARMEN.

Lui, déjà !…

LE DUC.

Il vient chercher la réponse. (Au valet.) Faites entrer. (À Carmen.) Rappelle-toi, Carmen, que c’est ton fiancé qui va venir…