somptueuse salle de son palais, avec défense de faire disparaître ce clou ; tu te souviens de cela ?
Oui !… mais est-ce qu’Abou-Hamed, devenu riche, n’arracha pas ce clou ?
Si ; mais il s’y déchira la main, et, le soir même, il était mort, car le clou était empoisonné… Prends donc un cigare, tu as laissé éteindre le tien !
C’est vrai !… (À part.) Ah ! voilà un homme fort et qui sera très-gênant !
Nous disons que tu arrives des Indes, où je suis allé te chercher, muni du testament de M. de Chamery, ton noble père, et d’autres pièces qui prouvent ta noble origine… Ce soir, tu fais ton entrée dans le demi-monde ; à ton âge et avec la fortune, c’est par celui-là qu’on commencent, dans quelques jours, je te présenterai à M. le duc de Sallendrera, qui t’attend pour te donner sa fille.
Quoi que vous me demandiez, monsieur, je ne payerai jamais assez…
Si ! si ! tu payeras, et très-bien. (Bruit de grelots.) Ce bruit nous annonce le retour de la reine de céans… À propos… on va jouer ici… Venture a-t-il pensé à garnir ton portefeuille ?
Oui !… j’ai là… quinze cents francs, je crois.
Venture est un sot… C’est quinze mille francs qu’il te fallait. Veux-tu avoir une idée des parties qu’on engage ici ? Le prince Artoff, qui m’a présenté, jouait un soir au baccarat, il y a de cela trois ans, je crois, avec la maîtresse de la maison ; il lui proposa d’établir ainsi les enjeux : un voyage en Italie contre cent mille francs… Si la petite dame perdait, elle s’engageait à suivre le prince, à lui être fidèle pendant trois mois. Si le prince perdait au contraire, la petite dame avait les cent mille francs. Le prince perdit, demanda sa revanche, perdit encore. Bref, la petite dame gagna cette nuit-là six cent mille francs et son surnom de Baccarat ; mais elle fut bonne joueuse et accorda gracieusement le voyage d’Italie, qu’elle ne devait pas… Tu vois, mon cher, que les
