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moi qui aie brûlé… Enfin, ça marche, les affaires vont ; j’ai des courses à ne savoir où fourrer mes jambes… la chance me revient, quoi !…

CERISE.

Tant mieux, monsieur Jean, tant mieux !

JEAN.

C’est ce qui me décide à faire aujourd’hui une demande que je remets depuis longtemps ; je me suis dit : « Puisque le guignon s’en va, c’est peut-être que le bonheur va venir ; » et alors je me suis décidé…

MADAME FIPPART.

À qui avez-vous à faire une demande ?

JEAN.

À qui ?

CERISE.

Oui, à qui ?…

JEAN, à part.

À qui ?… Tiens… j’ai cru que ça irait tout seul… et voilà que je barbote déjà. (Haut.) Hum ! madame Fippart, je vas vous dire, telle que vous voilà, vous pouvez aider fièrement à la réussite de la chose.

MADAME FIPPART.

Moi ?…

JEAN.

Oui… vous, en personne naturelle… Il s’agit d’avoir le consentement d’une lingère que vous connaissez… comme votre poche… sans vous manquer de respect !

MADAME FIPPART.

Ah ! (Elle regarde Cerise, qui rougit et baisse les yeux.) Et Cette lingère s’appelle ?…

JEAN, fouillant à sa poche.

Ah ! sapristi ! je ne peux pas vous dire son nom… j’ai oublié d’acheter des gants !

MADAME FIPPART.

Et les gants sont nécessaires ?

JEAN.

Les camarades m’ont dit que… on mettait toujours des gants… ça ne fait rien qu’ils soient en fil ou en coton, mais faut des gants. C’est la tenue de rigueur quand on veut demander une demoiselle… Oh ! la langue me démange assez… ça n’est pas d’aujourd’hui que j’ai des idées, mais j’avais toujours peur qu’on ne me répondit comme ça : « Monsieur