leurs manteaux enveloppent une partie de leur visage ; il fait d’ailleurs à peine jour. Odette se place au milieu d’eux, et ils sortent tous les cinq ; mais en marchant, la jeune fille les regarde avec une sorte d’inquiétude.)
Scène XXI.
Scène XXII.
Viens, Renaud !
Suis-moi, Richard !
Par ici, Raoul !
Courage, Roland ! Pour eux maintenant le réveil et la mort.
C’est un rêve !
Où suis-je donc ?
L’abîme est devant moi…
Il va m’engloutir !
Où nous a-t-on conduits ?
À la mort !
Oui… à la mort !
Mon Dieu, si nous devons mourir ici, qu’une dernière fois… encore, je puisse embrasser mes frères.
L’abîme nous sépare.
Le flot monte !
Il va nous entraîner !
Ma mère, ma mère, priez pour nous ! (Chacun son épée à la main, la tend vers le rocher qui lui fait face. — Alors comme si l’arme qu’ils tiennent tendue avait la puissance attractive de l’aimant, on voit peu à peu les quatre rochers se mouvoir et marcher l’un vers l’autre. Leurs pointes finissent par se réunir, elles ne forment plus qu’un seul roc, au sommet duquel les quatre frères se tiennent embrassés. La marée continue à monter.)
La marée monte toujours !
Nous sommes perdus, frères !
Tout courage humain serait impuissant ici ! Que l’anneau de notre mère nous sauve ! (Il jette sa bague.)
Merci, ma mère, merci !
ACTE III.
Scène I.
Le roi !
Charlemagne !… Oserai-je soutenir ses regards ?
Courage, Edwige, nous n’avons plus à craindre un seul de nos ennemis ; notre secret est avec eux dans la tombe. (Charlemagne en costume royal paraît entouré de ses grands vassaux et suivi de l’abbé Alcuin.)
Soyez les bien-venus, vous qui me ramenez celle que mon cœur attendait.
Sire !
L’enfant de Théodora !… celle que j’ai tant regrettée !… je la retrouve enfin !…
Oui, seigneur, voilà votre fille.
Cet homme a menti ! (Mouvement de surprise.)
Il a menti !
Il a menti !
Il a menti !
Qui ose dire cela ?
Moi !
Scène II.
Eux ?… vivants !…
Nous sommes perdus !
Qui êtes-vous ?
Quatre frères, unis par le cœur comme par le sang.
Soutiens de la faiblesse, appuis de l’innocence.
Ennemis du mensonge et de la déloyauté.
Enfin, nous sommes les quatre fils Aymon !
Aymon !… Votre père, je m’en souviens, était l’honneur de la chevalerie… si les paroles que vous avez proférées étaient tombées de ses lèvres, je l’aurais cru sans preuves… mais avec vous, jeunes gens, il n’en est pas ainsi, et quand vous venez briser dans mon cœur la joie paternelle qui le remplissait, j’ai le droit de douter.
Douter de leur mensonge… vous ne le pouvez pas devant une preuve irrécusable… celle qui est rendue à votre tendresse ne porte-t-elle pas le scapulaire qui pouvait seul la faire reconnaître ?
Le voici… il renferme encore la lettre de Théodora… ma mère.
Ce scapulaire a été volé !